Groupes sanguins chez le chien et transfusions

Les groupes sanguins chez le chien

http://www.monfidelami.com/vetonline/les-groupes-sanguins-chez-le-chien


Les groupes sanguins (ou « allotypes* sanguins ») sont des caractères propres à chaque individu, définis génétiquement. Ils sont constitués par des molécules membranaires présentes sur les cellules du sang qu’on nomme « antigènes »*. On parle de « système » pour désigner un ensemble de groupes sanguins réunis par des communautés génétiques. Le système le plus connu chez l’homme est le système ABO.



Chez le chien, l’existence de facteurs de groupe sanguin a été démontrée dans les années 1960 et de multiples systèmes ont été déterminés depuis.

Parmi les nomenclatures proposées, la nomenclature DEA (Dog Erythrocyte Antigen) est largement utilisée :

SYSTEMES

ANTIGENES DE GROUPES SANGUINS

DEA-1


DEA-3

DEA-4

DEA-5

DEA-6

DEA-7

DEA-8

DEA-1.1
DEA-1.2

DEA-3

DEA-4

DEA-5

DEA-6

DEA-7

DEA-8

Les antigènes DEA-4 et DEA-6 sont les plus fréquents, tandis que DEA-3 est plus rare.

La distribution des différents groupes est la même pour les chiens issus de croisements et pour les chiens de races pures.

Les chiens ne possèdent en général pas d’anticorps* anti-globules rouges naturellement dans leur sérum (anticorps reconnaissant les antigènes de groupes sanguins). Une première transfusion est donc peu risquée chez le chien contrairement au chat (http://www.monfidelami.com/vetonline/les-groupes-sanguins-chez-le-chat) . Mais lors de cette première transfusion d’un individu d’un groupe sanguin particulier à un individu d’un autre groupe, le receveur peut s’immuniser (production d’anticorps* immuns) contre les antigènes sanguins du donneur. Si une seconde transfusion a lieu avec du sang du même groupe que le précédent donneur, on observe dans certains cas une réaction d’hémolyse (les anticorps immuns détruisent les globules rouges incompatibles du donneur). Il est donc vivement conseillé de typer les groupes sanguins du donneur et du receveur avant une seconde transfusion.

Tous les antigènes de groupes peuvent stimuler la production d’anticorps spécifiques mais les antigènes DEA-1 (DEA-1.1 et DEA-1.2) sont considérés comme responsables de la majorité des accidents transfusionnels. Un animal négatif pour DEA-1.1 et DEA-1.2 est dit A-. Les auteurs sont réservés au sujet de l’antigène DEA-7. On préconise donc d’utiliser des donneurs DEA-1 et DEA-7 négatifs afin d’assurer une transfusion optimale. Ces donneurs ne représentent malheureusement qu’une très faible proportion de la population canine. En pratique, on évite surtout d’utiliser du sang A+.

Si ni le donneur, ni le receveur ne sont typés, il existe 15% de risque de réactions transfusionnelles.

Il existe donc chez nos FidelAmis canins un système de groupes sanguins, différent du notre et également de leurs camarades félins.



Soline, Docteur vétérinaire.



Lexique:
*allotype : particularité génétique permettant de différencier des individus au sein d’une même espèce.

*anticorps : protéine complexe utilisée par le système immunitaire pour détecter et neutraliser les antigènes de manière spécifique.

*antigène : macromolécule naturelle ou synthétique, reconnue par des anticorps ou des cellules du système immunitaire et capable d’engendrer une réponse immunitaire.

*transfusion sanguine : opération consistant à injecter, par perfusion intraveineuse, du sang ou des dérivés sanguins prélevés d’un individu, à un autre individu de la même espèce.

La transfusion sanguine chez le chien et le chat

Généralités
Une transfusion sanguine est une opération consistant à injecter, par perfusion intraveineuse, du sang ou des dérivés sanguins à un individu. En médecine vétérinaire et en France, la transfusion de sang frais total est le type de transfusion le plus fréquent.

Principales indications de la transfusion
L’analyse de certains paramètres permet de guider l’indication de transfusion : la numération des globules rouges, le taux d’hémoglobine, l’hématocrite* (il y a indication vitale de transfusion lorsque l’hématocrite est < 15% chez le chien et < 12% chez le chat) ainsi que l’état clinique de l’animal.

Les principales indications chez les carnivores sont l’anémie* et les troubles de la coagulation:

Hémorragies
Il s’agit d’anémies périphériques d’installation rapide ou lente (hémorragies accidentelles ou chirurgicales, saignement d’une tumeur telle qu’un hémangiosarcome splénique…). Si la perte de volume sanguin total est trop importante et qu’elle intervient dans un laps de temps court, un état de choc s’installe, se manifestant par une tachycardie, une hypotension, une respiration accélérée. La transfusion sanguine est alors instaurée afin de traiter le choc et de rétablir la pression artérielle, en parallèle avec une réanimation médicale.

Hémolyse*
Elle s’accompagne le plus souvent d’anémie. L’indication de la transfusion est fonction de la nature de l’anémie et de sa gravité. Les hémolyses peuvent être d’origine parasitaire (piroplasmose due à babesia canis), toxique (plomb), congénitale (anémie hémolytique familiale du Caniche) ou auto-immune, dans ce dernier cas, la présence d’auto-anticorps dirigés contre les propres globules rouges du malade rend généralement toute transfusion incompatible.

Troubles de la coagulation
Lors de thrombocytopénie* (suite à une chimiothérapie, ou lors de désordre immunitaire), la transfusion peut être indiquée. L’utilisation de plasma riche en plaquettes plutôt que de sang total est alors préférable.

La plus fréquente des coagulopathies acquises des carnivores domestiques est l’intoxication aux anti-vitamines K (rodenticides). Lorsqu’une anémie sévère s’installe, la transfusion de sang total est alors indiquée en plus du traitement à la vitamine K.

Choix du donneur
Si votre FidelAmi doit recevoir une transfusion sanguine, sachez que son « sauveur » devra être cliniquement sain, vacciné, et devra subir un examen sanguin hématologique, biochimique et sérologique complet. Le groupe sanguin doit si possible être typé.

Il est conseillé d’utiliser des chiens de plus de 25 kg et des chats de plus de 5 kg comme donneurs. Les animaux des 2 sexes peuvent être donneurs, mais il est préférable que les femelles soient stérilisées en raison de l’influence des hormones femelles sur le nombre de plaquettes.

Si les donneurs sont ponctionnés régulièrement, une supplémentation en fer, en vitamine B 12 et en méthionine s’impose.

Chez le chien, le donneur idéal est DEA-1 et DEA-7 négatif (il s’agit des antigènes de groupes sanguins: http://www.monfidelami.com/vetonline/les-groupes-sanguins-chez-le-chien). En pratique courante, si seul le groupage DEA-1 a été réalisé et pas le DEA-7, on obtient de bons résultats par défaut avec les donneurs DEA-1 négatifs (c’est-à-dire du groupe A-).

Technique transfusionnelle
Le sang doit être prélevé et recueilli de manière parfaitement stérile. Il est collecté sur des poches contenant du citrate (ou un autre anticoagulant) car la coagulation intervient très rapidement. Pendant la durée de la ponction, le flacon est agité délicatement et régulièrement afin d’éviter la formation de caillot.

Sur un chien donneur, on peut prélever jusqu’à 22 ml/kg de poids vif tous les 10 jours.

Sur un chat donneur, on peut prélever jusqu’à 12ml/kg, toutes les 2 à 3 semaines (de préférence toutes les 8 semaines).

Le sang total doit être conservé à 4°C mais doit être utilisé à température ambiante. Le volume à transfuser est calculé en fonction du poids de l’animal et de son hématocrite au moment de sa prise en charge. La vitesse de transfusion moyenne est de 10 ml/kg/heure sans dépasser 4ml/kg/heure chez les animaux insuffisants cardiaques, très sensibles à une surcharge volémique. Dans tous les cas, la transfusion doit être achevée en moins de 4 heures pour éviter les risques de prolifération bactérienne.

Réactions transfusionnelles
Elles correspondent à tout effet indésirable qui survient chez le receveur pendant ou après la transfusion. Elles peuvent être immédiates ou retardées, apparentes ou non, d’origine immunologique ou non. Leurs expressions cliniques sont variées.

Réactions hémolytiques
-Immédiates

Elles sont liées à la présence chez le receveur d’anticorps anti-hématies du donneur. Il en résulte généralement une hémolyse intravasculaire*. On peut observer dans les minutes qui suivent le début de la transfusion des vomissements, des tremblements, une incontinence urinaire et fécale, une prostration, une fièvre. La transfusion doit alors être arrêtée immédiatement et les signes cliniques disparaissent généralement dans les 12 à 24 heures.

-Retardées

Ces réactions sont plus fréquemment observées que les réactions d’hémolyse immédiates : l’animal transfusé peut présenter par la suite une fièvre, une anorexie et un ictère*.

Choc hypervolémique
Si l’apport liquidien de la transfusion est trop important, les conséquences peuvent être graves, surtout chez les sujets insuffisants cardiaques ou rénaux. L’animal présente alors des vomissements, une tachycardie, une dyspnée, une turgescence du système veineux (jugulaires surtout), une cyanose des muqueuses, une toux (due à l’œdème pulmonaire). Il faut tout de suite diminuer le débit de transfusion et administrer des diurétiques (furosémide) pour la résorption de l’œdème pulmonaire.

Choc endotoxinique
Il a lieu lorsque le sang transfusé est contaminé par des bactéries.

Erythème* cutané
On l’observe fréquemment, il peut être lié à un volume transfusé trop important ou à l’utilisation de sang conservé dans de mauvaises conditions. C’est une réaction de type allergique. Les lésions régressent spontanément.

Réactions d’hyperthermie
Elles sont fréquentes lors de transfusion et probablement d’origine immunologique. Il faut cependant rester vigilant car l’hyperthermie peut être liée à la présence de substances pyrogènes d’origine bactérienne dans le matériel transfusé.

Transmission de maladies infectieuses
Avec une moindre importance que pour le SIDA chez l’homme, la transfusion comporte des risques de transmission de maladies infectieuses chez nos carnivores domestiques également. D’où l’importance du choix de donneurs en bonne santé, vaccinés et dépistés vis-à-vis des principales maladies contagieuses (en particulier les 2 rétrovirus du chat: FIV et FelV).

Si ses applications sont similaires à celles rencontrées chez l’homme, la transfusion est moins fréquemment pratiquée en médecine vétérinaire à cause des difficultés liées à sa réalisation, son coût, et à l’approvisionnement en produits sanguins. Cependant, la création de banques de sang pour nos FidelAmis est en plein essor dans le monde, permettant une meilleure prise en charge dans certaines situations d’urgence.

Soline, docteur vétérinaire.

Lexique :

*anémie : manque de globules rouges ou d’hémoglobine.

*érythème : rougeur de la peau, diffuse ou localisée.

*hémolyse intravasculaire: éclatement des hématies (aussi appelées « globules rouges ») qui libèrent alors l’hémoglobine qu’elles contiennent.

*hématocrite : pourcentage relatif du volume des cellules circulant dans le sang par rapport au volume total du sang.

*ictère (ou « jaunisse »): coloration jaune de la peau et des muqueuses due à l’accumulation dans les tissus de bilirubine (pigment jaune issu de la dégradation de l’hémoglobine, transformé par le foie et excrété dans la bile). L’ictère peut donc être du à une hémolyse intravasculaire massive ou à une atteinte hépatique.

*tachypnée : ventilation pulmonaire accélérée

*thrombocytopénie (ou thrombopénie): abaissement du nombre de thrombocytes (plaquettes sanguines) dans le sang.

Le don du sang chez les chats et chiens
En parcourant le site de la RTBF (télévision Belge), je suis tombé sur un article fort intéressant, concernant le don du sang chez les animaux de compagnie.

La transfusion sanguine est assez rare chez les chiens et chats, mais si les vétérinaires disposaient facilement de sang, ils en réaliseraient probablement plus.

Les transfusions sont souvent nécessaires chez le chien, suite à une intoxication par raticide, une tumeur de la rate (fréquente chez le berger allemand), un accident sur la voie publique avec hémorragie ou une leucémie. Elles le sont aussi chez le chat notamment en cas d’anémie hémolytique ou d’hépatite.

Ces transfusions sauvent chaque année plusieurs dizaines d’animaux en France.

Dans notre pays comme en Belgique, les besoins sont importants. Ainsi pour faire face à la pénurie de donneurs, la faculté de médecine vétérinaire de Liège lance un appel aux propriétaires de chiens et chats. Ceux-ci sont invités à venir les mercredis accompagnés de leurs compagnons pour procéder au prélèvement d’une infime quantité de sang (voir l’article de la RTBF).

Quels sont les critères pour devenir donneur ?
Si vous souhaitez que votre chien ou votre chat fasse un don du sang, assurez-vous qu’il répond aux critères suivants :

Il est en parfait santé
Il est vacciné
Il est vermifugé
Il est docile
Il doit peser plus de 5 kg pour un chat et plus de 25kg pour un chien
Il vit majoritairement en intérieur (optionnel)
Quid des groupes sanguins ?
Ils existent 8 groupes sanguins chez les chiens et seulement 3 chez les chats.

Chez le chien, il n’y a pas de risque d’incompatibilité lors de la première transfusion, on peut transfuser un chien avec le sang d’un autre chien de n’importe quel groupe sanguin. Par contre, ce n’est pas le cas pour une seconde transfusion.

Chez le chat, il faut absolument que les groupes sanguins soient compatibles dès la première transfusion, sous peine de choc mortel en quelques minutes. La transfusion est donc très rarement pratiquée, d’autant qu’il n’existe pas de kit pour réaliser un groupage sanguin rapide chez le chat.

Quantités prélevées, fréquence des dons et conservation
Les quantités prélevées sont relativement faibles, environ 50 ml par don (250 ml chez les très gros chiens). Un animal peut donner au maximum entre deux et quatre fois par an.

Le principal problème lié au don du sang chez les chiens et chats, est que les prélèvements de sang ne peuvent être conservés que très peu de temps. Ce qui implique une gestion des stocks particulièrement difficile.

Comment le don du sang est-il organisé en France?
D’après mes recherches, il n’existe pas d’équivalent animal à la Banque du sang. Avec l’aide d’un des participants du blog (Vetonet pour ne pas le citer, merci à lui!!), j’ai appris que Rhône Mérieux (aujourd’hui Merial) proposait à une certaine une époque l’envoi de poches de sang par train, procédé qui a depuis été abandonné. Tout comme au début des années 2000, l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon a tenté de créer une banque de sang, sans que ce projet n’aboutisse. Depuis c’est le système D. Les cliniques vétérinaires se débrouillent généralement comme elles peuvent pour faire face aux besoins en sang. Les vétérinaires doivent souvent faire appel à la générosité de leurs clients dont les animaux sont en bonne santé.

J’aime mon chien ou mon chat donc il donne son sang
Imaginez qu’un jour votre animal soit confronté à un problème de santé nécessitant une transfusion sanguine et qu’il n’y ait pas de donneurs pour le sauver. Vous seriez probablement furieux et désespéré. Voilà pourquoi, si votre compagnon à quatre pattes répond aux critères pour être donneur, vous devriez profiter de votre prochaine visite chez le vétérinaire pour indiquer à celui-ci que vous êtes volontaire pour un don. Il vous inscrira généralement sur une liste et ne fera appel à vous qu’en cas de nécessité. Votre action permettra peut-être de sauver la vie d’un autre animal. Ça vaut le coup non ?