Les épillets - chien
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Les épillets - chien
http://www.cliniqueveterinairecalvisson.com/article-veterinaire-91-12-les-epillets
Points forts :
. Les épillets de graminées ont la caractéristique de s'accrocher aux poils des chiens à la fin du printemps et pendant l'été, et de progresser ensuite toujours dans le même sens, leur bout pointu leur permettant de perforer la peau et les tissus sous-cutanés.
. Ils pénètrent essentiellement dans les oreilles, mais aussi dans le nez, les yeux, la bouche, les voies génitales, entre les doigts… Pendant la saison des épillets, il faut présenter rapidement à son vétérinaire tout chien qui, (entre autres), secoue la tête, garde un œil fermé, présente entre deux doigts un "bouton" qu'il lèche sans arrêt, ou se met brutalement à éternuer ou à tousser, en sortant d'un champ de hautes herbes.
. Le retrait des épillets est parfois facile, (en un coup de pince), parfois beaucoup plus compliqué : un épillet parti se promener à l'intérieur de l'abdomen, ou ayant circulé sous la peau, en provoquant la formation de gros abcès, peut demander plusieurs interventions et des heures d'exploration chirurgicale, avant d'être découvert… si encore il est découvert ! Un épillet parti dans le poumon ne pourra être extrait qu'à l'aide d'un endoscope, et parfois d'une chirurgie thoracique.
. La meilleure prévention consiste à raser les poils des chiens susceptibles d'attraper des épillets, pendant les mois à risque : face interne des oreilles des cockers, extrémité des pattes des caniches ou des briards, ventre des chiens à poils longs et épais… On évitera aussi de promener son chien sans laisse, au milieu des champs d'herbes hautes et sèches.
Il y a quelques années, une revue médicale publiait le cas d'un très jeune enfant qui avait présenté, en l'espace de quelques mois, une pneumonie, des troubles digestifs, une infection des voies urinaires, une péritonite, et finalement une paralysie des membres inférieurs. L'exploration de cette paralysie par imagerie avait montré la présence d'un abcès le long de la colonne vertébrale. Le débridement chirurgical de cet abcès avait permis à la fois de guérir la paralysie, et de découvrir au centre de l'abcès… un épillet ! Rétrospectivement, les médecins avaient compris que le jeune enfant avait dû mettre un épillet à la bouche, et l'avaler de travers (passage de l'épillet dans le poumon), provoquant ainsi une pneumonie. L'épillet avait ensuite cheminé, traversé le diaphragme, circulé dans le ventre du côté de l'intestin, puis des voies urinaires, provoqué une inflammation de l'abdomen (péritonite), avant d'aller se bloquer le long de la colonne vertébrale, y provoquant la formation d'un abcès. Ce n'est certes pas tous les jours qu'un épillet parcourt un tel circuit chez le chien, mais ce cas illustre bien le chemin que peut parcourir ce "voyageur", la gravité et le caractère trompeur des symptômes qui en résultent, et la difficulté de localiser l'épillet avant de l'extraire.
Qu'est-ce que c'est qu'un épillet ?
Les épillets sont des épis de graminées sauvages (le plus souvent Hordeum murinum, ou
orge des rats). Ils sont également connus sous toutes sortes d'appellations plus ou moins locales : espigons, crébassats, espangassats, voyageurs, spigaous...
Leur (triste) renommée est due à leur capacité à s'accrocher à toute surface filamenteuse (vêtement, mais aussi pelage d'animal), puis à progresser, toujours dans le même sens. Leur extrémité pointue leur permet en outre de perforer les tissus, y compris la peau. Tous les enfants du sud de la France (peut-être davantage les petits garçons ?) ont joué à se lancer des épillets, comme des fléchettes (ils s'accrochent très bien au pullover de la "cible") ou à mettre un épillet, pointe vers le haut, dans la manche du pull, au niveau du poignet : à la fin de la récré, on retrouve l'épillet quelque part du côté de l'épaule.
Qu'est-ce que ça fait chez le chien ?
Avec le chien, ça fait comme avec un pull : l'épillet s'accroche dans les poils, et commence à avancer. Quand sa pointe arrive au niveau de la peau, il la perfore, et continue à cheminer à l'intérieur, toujours dans le même sens, toujours plus profond. Il peut aussi profiter d'un orifice naturel pour s'introduire : oreille, fourreau, anus… Si le chien farfouille au milieu d'un champ d'herbes hautes et renifle un bon coup, l'épillet rentrera directement dans le nez, sans avoir besoin de passer par l'étape de l'accrochage dans les poils. Les épillets bien secs de juin-juillet, sont plus dangereux que les épillets verts du début du printemps.
Dans le détail, les épillets peuvent rentrer :
- Dans les oreilles : c'est de loin la localisation la plus fréquente ! lorsqu'un chien se met brusquement à se secouer les oreilles au printemps ou en été, penche la tête, refuse qu'on le touche… il y a probablement un épillet là-dessous ! A fortiori si l'oreille coule, suppure, ou
sent mauvais. L'épillet s'accroche aux poils autour de l'entrée de l'oreille (les races à poils longs et à oreilles tombantes, (cockers, épagneuls…), sont donc les plus touchées), descend directement au fond du conduit, où il peut arriver qu'il perfore le tympan. S'il passe de l'autre côté et se retrouve dans l'oreille moyenne… ça devient très embêtant, mais heureusement, ce genre de complication n'est pas très fréquent. (Photo de droite : quatre épillets, tout juste retirés d'une oreille de cocker).
Plus rarement, il arrive que l'on découvre par hasard, au cœur de l'hiver, à l'occasion d'un examen de routine, un vieil épillet enrobé de cérumen, dans l'oreille d'un chien qui ne s'en était jamais plaint. Cet épillet a dû rentrer en juin-juillet, se loger dans un coin du conduit où il ne gênait pas trop, et s'y tenir bien tranquille… mais un mouvement du corps étranger peut à tout moment provoquer une lésion du conduit ou une perforation du tympan, et déclencher une otite suppurée.
Notons qu'un ou plusieurs gros épillets peuvent être étonnamment bien tolérés par un chien stoïque, alors qu'une minuscule barbule peut parfois entraîner une très vive réaction chez un chien plus démonstratif. (Photo ci-contre : deux minuscules épillets (à comparer à ceux de la photo ci-dessus), retirés de l'oreille d'un Jack Russel terrier, rentré du jardin en secouant très violemment la tête)
- Dans le nez : il s'agit probablement de la deuxième localisation, par ordre de fréquence. Le chien renifle activement au milieu des hautes herbes, à la recherche d'une odeur de lapin, et revient tout à coup en retroussant une de ses narines et en éternuant violemment, au point de se taper le nez contre le sol et de se faire saigner. L'extrémité de l'épillet dépasse parfois encore de la narine, mais il est rare que l'on arrive à s'en saisir vu l'état d'agitation du chien, et encore plus rare que l'on arrive à l'extraire, à cause de la difficulté à faire reculer un épillet : on se retrouve généralement avec une petite barbule cassée entre les doigts, tandis que le reste de l'herbe poursuit son avancée à l'intérieur du nez.
Dans le meilleur des cas, à force de reniflements, l'épillet peut remonter jusqu'au fond du nez, tomber dans la gorge, et être avalé et éliminé avec les aliments. S'il tombe du mauvais côté et part en direction des poumons… c'est beaucoup plus embêtant ! (voir plus loin). Plus souvent, il se coince quelque part à l'intérieur du nez, et n'en bouge plus jusqu'à ce qu'on l'extraie, provoquant une rhinite avec jetage, éternuements et reniflements. Notons qu'un épillet est rarement rejeté lorsque le chien éternue, à cause de sa structure qui le conduit à avancer toujours dans le même sens.
Photos ci-dessus : le chien est endormi, une sonde trachéale est mise en place afin d'éviter qu'un éventuel saignement dans le nez ne puisse s'écouler dans le poumon. Le chien respire à travers la sonde un mélange d'oxygène et d'isoflurane, un anesthésique gazeux. Les deux narines sont explorées à l'aide d'un otoscope. Une fois l'épillet repéré, il est retiré à l'aide d'une pince à corps étranger.
- Dans l'œil : si votre toutou revient du champ d'à côté avec un œil à moitié fermé, ne pensez pas qu'il doit faire une allergie, qu'on va lui mettre le fond de collyre qui traîne dans l'armoire à pharmacie, et qu'on l'amènera chez le vétérinaire si ça ne passe pas au bout de deux ou trois jours : il est très probable qu'il se soit mis un épillet dans l'œil, en particulier sous le corps clignotant, encore appelé "troisième paupière". Il est important de retirer cet épillet aussi tôt que possible (une sédation sera souvent nécessaire), faute de quoi les frottements de l'herbe sur la cornée auront tôt fait de provoquer un ulcère, parfois difficile à guérir, et pouvant conduire, dans les cas les plus graves, à la perforation de la cornée et à la perte de l'œil. Plus rarement, un épillet peut pénétrer dans le canal lacrymal, entraînant une suppuration chronique des voies lacrymales. Notons que le chat attrape beaucoup moins d'épillets que le chien, mais que lorsqu'on en trouve dans cette espèce, c'est généralement dans l'œil !
Epillet dans l'œil d'un chat (photo de gauche), et après son extraction (à droite) : on constatera que ce que l'on voit dépasser de la paupière n'est que la partie émergée de l'iceberg !
- Dans la bouche : pour une raison qui n'appartient qu'à eux, certains chiens (et chats également !) vont régulièrement manger de grandes quantités d''herbe… et se retrouvent avec des épillets plein la bouche ! (photo ci-dessous). On découvre ces épillets, (le plus souvent sous sédation), plantés dans les amygdales (photo de droite), entre deux dents, ou dans des poches de gencive, pour peu que celle-ci soit un tantinet décollée. Dans les cas les plus embêtants, ces épillets traversent la muqueuse buccale, et partent se promener vers le bas (abcès entre les machoires), ou vers le haut (abcès derrière un œil, qui aura tendance à pousser ce dernier hors de son orbite… et là, c'est beaucoup plus grave !
Photo ci-dessus : barbule d'épillet dépassant de l'amygdale, chez une jeune chienne labrador.
Photo ci-contre :
Épillet planté dans la gencive d'un chat persan, en avant des incisives.
- Dans les voies génitales : que ce soit chez le mâle ou chez la femelle, les voies génitales constituent une porte d'entrée très intéressante pour un petit épillet. Chez la chienne, l'épillet rentre par la vulve. Deux directions s'offrent alors à lui : il peut remonter le long du vagin (provoquant des pertes vulvaires), puis le long d'une corne utérine, qu'il finira éventuellement par perforer pour se retrouver dans la cavité abdominale, provoquant alors une péritonite. Il peut aussi se diriger vers la fosse clitoridienne, et soit y rester coincé (entraînant là aussi des pertes vulvaires), soit traverser la paroi vaginale et partir se promener sous la peau, provoquant un abcès au bas du ventre. Chez le mâle, l'épillet rentre dans le fourreau. Il peut y rester coincé, entraînant un abcès et des pertes purulentes, ou bien transpercer la muqueuse du fourreau avant d'aller, là aussi, se promener sous la peau du ventre et y former des abcès. (Photo ci-dessus à droite : utérus d'une chienne, après exérèse chirurgicale : le col et la séparation en deux cornes est en bas à droite de la photo. Un épillet, qui est remonté jusqu'à l'extrémité de l'une des deux cornes, est visible en haut à gauche).
- Sous la peau : pas de porte d'entrée particulière, l'épillet s'accroche dans les poils, progresse, atteint la peau qu'il transperse, et continue à cheminer dans le tissu sous-cutané en créant des fistules, sortes de galeries qu'il creuse au fur et à mesure de sa progression (Photo de droite : un épillet en train de pénétrer dans la peau d'un berger allemand : découverte lors de la tonte, avant une chirurgie). Du pus s'écoule jusqu'à l'extérieur, le long de ces fistules. Les épillets pénètrent souvent entre deux doigts, zône à peau fine où il est facile de s'accrocher, et peuvent ensuite remonter assez haut le long de la patte : le chien passe alors des heures à se lécher entre les doigts, et un petit abcès peut être observé à cet endroit. Ils peuvent aussi traverser la peau un peu n'importe où (sous le ventre, le long des flancs…), notamment chez les chiens à sous-poil dense, comme les saint-bernard, bouviers bernois, montagnes des Pyrénées, ou même bergers allemands. Notons qu'un épillet qui chemine sous la peau depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines, peut être parti absolument n'importe où, parfois très loin de son point d'entrée !
Photo de gauche : un abcès, situé entre les doigts d'un springer spaniel, est incisé sous anesthésie générale. Photo de droite : une barbule d'épillet est extraite de l'abcès.
- Dans le poumon : un chien qui vient de passer dix minutes à courir comme un dératé, bouche grande ouverte, au milieu d'un champ de hautes herbes, et qui revient en toussant piteusement… a probablement "avalé" dans sa course un épillet, malencontreusement parti du mauvais côté. Il est alors essentiel de récupérer cet épillet le plus rapidement possible à l'intérieur de sa bronche, en utilisant un endoscope. Faute de quoi l'épillet, fidèle à son habitude, progressera le long de la bronche, s'enfonçant toujours plus profondément dans le poumon, jusqu'à ce qu'il devienne impossible de le récupérer (photos ci-dessous). Une pneumonie, une pleurésie, ou un penumothorax, en sont les conséquences habituelles. (Photo de gauche : très gros épi de graminée, juste après son retrait par endoscopie de l'une des bronches souches d'un chien, qui toussait et crachait du sang depuis plusieurs semaines).
Gros épillet, coincé dans une bronche chez une jeune labrador. L'épillet a déjà progressé au-delà de la troisième bifurcation bronchique, et se trouve maintenant dans les petites bronches.
Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
Le traitement consiste évidemment à retirer l'épillet, ce qui est parfois plus facile à dire qu'à faire !
Pas trop de problème si l'épillet est rentré dans une oreille ou dans un œil : une sédation sera souvent nécessaire, excepté chez un chien (ou un chat) très stoïque, mais sauf exception (comme un passage de l'autre côté du tympan ou dans un canal lacrymal), l'épillet ne peut pas se cacher bien loin, et sera retiré à l'aide d'une simple pince (dans l'œil), ou d'un otoscope et d'une pince à corps étranger (dans l'oreille)(photo de droite). Après, il restera à gérer les dégâts causés par le séjour de l'herbe, (otite suppurée, ulcère cornéen…), mais au moins la cause du problème aura-t-elle été retirée.
Le truc à savoir : s'il est évident que votre chien s'est mis un épillet dans l'oreille (tout allait bien au départ en promenade, et là, il sort d'un champ d'herbes hautes en secouant frénétiquement la tête), et s'il est 21 heures un dimanche soir, vous pourrez probablement éviter de partir à la recherche du vétérinaire de garde en versant un peu d'huile de table dans l'oreille du chien : cela aura pour effet de ramollir l'épillet, qui cessera alors de piquer les parois du conduit auditif, donc de faire mal, et vous pourrez attendre (à peu près) tranquillement la journée du lundi. Evidemment, si le chien continue à se plaindre vingt ou trente minutes après avoir mis de l'huile, il faudra se décider à téléphoner à votre vétérinaire pour faire retirer l'épillet sans plus attendre !
Si l'épillet parti se promener sous la peau, les choses sont déjà plus compliquées : on commence généralement par explorer la fistule, à partir du point d'entrée, en aveugle, avec une pince à corps étranger. La chance et l'expérience permettent souvent de ramener l'épillet après quelques secondes à quelques minutes. Si la pêche se révèle infructueuse, il faut intervenir chirurgicalement, et rechercher l'épillet le long de la fistule… mais parfois aussi au cœur d'un énorme abcès ! (photos ci-dessous). Autant rechercher une aiguille dans une botte de foin… Lorsqu'on ne trouve pas, on referme après une demi-heure à une heure de recherche, on met le chien sous antibiotique et anti-inflammatoire, et on y retourne quelques jours plus tard, en comptant sur le fait que le traitement aura "assaini" la plupart des tissus… sauf ceux à proximité immédiate de l'épillet, ce dernier étant alors plus facile à repérer. Plusieurs interventions sont parfois nécessaires avant de finir par trouver… ou pas, le corps étranger !
Photo de gauche : volumineux abcès à l'arrière de la cuisse, chez un labrador de dix ans (qui avait également un épillet dans l'oreille). On devine le point d'entrée de l'épillet au milieu de l'abcès. Photo de droite : la peau nécrosée a été incisée, et l'abcès est maintenant largement ouvert. Après nettoyage du pus, l'épillet est repéré et extrait du tissu sous-cutané, très remanié. Tout ce tissu sous-cutané sera retiré, avant fermeture.
Certaines techniques d'imagerie peuvent aider, (radiographie après injection d'un produit de contraste dans la fistule, échographie tissulaire…), mais ne permettent pas de repérer l'épillet à tous les coups, loin de là ! Sans compter les cas où ce satané épillet est parti se loger dans un endroit où il sera bien difficile de l'atteindre : en arrière d'un œil, dans une région où passent des nerfs et de gros vaisseaux, derrière un rein… N'oublions pas le cas des chiens à sous poil dense, chez qui l'on découvre, après tonte des poils du ventre et des flancs, des dizaines de fistules, chacune avec un épillet au bout ! Dieu merci, même si ce genre de recherche, parfois difficile, est quasi-quotidien en été, les cas vraiment compliqués, où l'on doit intervenir plusieurs fois, parfois sans jamais trouver l'épillet au bout du compte… sont finalement assez rares.
Pour les épillets ayant pénétré par une voie naturelle, (nez, vagin, fourreau, sac anal…), les choses ne sont pas trop compliquées s'ils ne sont pas partis trop loin. On les trouve et on les extrait facilement, sous sédation ou sous anesthésie générale, au milieu des cornets nasaux (photo de droite), dans la fossse clitoridienne, ou plantés au fond du fourreau. Evidemment, s'ils sont partis plus loin, les choses se corsent. Si l'épillet est remonté le long d'une corne utérine, a fortiori s'il a perforé cette dernière et qu'il est parti se promener dans l'abdomen, une chirurgie, parfois compliquée, sera nécessaire. S'il a été reniflé et qu'il est parti dans une bronche, il faudra alors le récupérer sous endoscopie - ce qui peut être délicat, surtout sur un animal de petit format avec des bronches de faible diamètre. Le tout étant qu'il ne se soit pas enfoncé trop loin à l'intérieur du poumon : sinon, il y aura risque de pneumonie, pleurésie ou pneumothorax, et il sera nécessaire d'ouvrir le thorax afin de retirer un lobe du poumon, ou de partir dans une recherche délicate de l'épillet baladeur dans l'espace pleural (photos ci-dessous). Heureusement, ce dernier cas de figure ne se présente pas trop souvent !
Tentatives d'extraction de l'épillet bronchique déjà présenté plus haut, chez une jeune chienne labrador. L'épillet est solidement saisi par la pince, mais impossible à faire reculer (car gros, rigide, et coincé dans une petite bronche, profondément dans le poumon). La suite des événements s'est déroulée en Savoie, où résident les propriétaires : localisation de l'épillet par scanner, à proximité de la plèvre et de l'aorte (Dr Chuzel), puis retrait chirurgical du lobe pulmonaire correspondant (Clinique Vétérinaire du Lac, 74 Sevrier), ce qui a permis de sauver la chienne.
Et comment peut-on empêcher ça ?
Difficile de supprimer totalement le risque, mais on peut tout de même le minimiser :
- En faisant tondre votre chien, totalement ou en partie, avant et pendant la saison des épillets, surtout s'il s'agit d'un chien aux poils longs et frisés. On peut raisonnablement se limiter à la face interne des oreilles (autour de l'entrée du conduit auditif - photos ci-dessous) et à l'extrémité des pattes (jusqu'au dessus des doigts - photo à droite), mais pour les chiens à sous-poil dense et qui vivent au milieu d'herbes hautes, il peut être intéressant de faire raser tout le dessous du corps une ou deux fois pendant la saison : ça ne se voit pas ou peu, et ça peut éviter bien des désagréments. Il nous arrive même de rencontrer des briards ou des bobtails entièrement rasés, en début d'été : le résultat esthétique est, certes, contestable, mais le chien a moins chaud, et il risque moins d'ennuis non seulement avec les épillets, mais aussi avec tous les problèmes de macération (dermites pyo-traumatiques, larves de mouches…)
Ci-dessus à droite : plusieurs épillets, plantés entre les doigts de la main gauche d'un chien, ont été retirés, et la main droite a été rasée.
Photos ci-contre :
Oreille d'un berger des pyrénées, avant (photo de gauche), et après tonte (photo de droite) : le risque d'attraper des épillets dans l'oreille est nettement diminué dans ce dernier cas !
- En rasant les herbes hautes du jardin, et en éliminant les restes de tonte. Evidemment, il y aura toujours un petit bouquet d'herbes que l'on aura oublié dans un coin, et dans lequel le chien s'empressera d'aller mettre son nez, mais le risque sera tout de même bien diminué.
- En évitant de promener les chien dans des endroits à risque. Cela peut rendre la promenade un peu compliquée, mais pendant les mois chauds où les herbes sont les plus sèches, il vaut mieux tenir son chien en laisse lorsque l'on chemine à proximité d'un champ d'herbes hautes. Et au retour à la maison, bien inspecter l'animal pour retirer tous les épillets qui peuvent être accrochés dans son pelage.
- Et bien sûr, en consultant rapidement votre vétérinaire devant tout signe évocateur, pendant les mois d'été : si, au retour d'une promenade, votre chien secoue vigoureusement les oreilles, éternue violemment, garde un œil fermé, ou se met brusquement à tousser… si vous observez un petit abcès entre les doigts ou sous le ventre de votre animal, que ce dernier lèche sans arrêt… si votre chienne stérilisée a des pertes vaginales… il est urgent de consulter !
Points forts :
. Les épillets de graminées ont la caractéristique de s'accrocher aux poils des chiens à la fin du printemps et pendant l'été, et de progresser ensuite toujours dans le même sens, leur bout pointu leur permettant de perforer la peau et les tissus sous-cutanés.
. Ils pénètrent essentiellement dans les oreilles, mais aussi dans le nez, les yeux, la bouche, les voies génitales, entre les doigts… Pendant la saison des épillets, il faut présenter rapidement à son vétérinaire tout chien qui, (entre autres), secoue la tête, garde un œil fermé, présente entre deux doigts un "bouton" qu'il lèche sans arrêt, ou se met brutalement à éternuer ou à tousser, en sortant d'un champ de hautes herbes.
. Le retrait des épillets est parfois facile, (en un coup de pince), parfois beaucoup plus compliqué : un épillet parti se promener à l'intérieur de l'abdomen, ou ayant circulé sous la peau, en provoquant la formation de gros abcès, peut demander plusieurs interventions et des heures d'exploration chirurgicale, avant d'être découvert… si encore il est découvert ! Un épillet parti dans le poumon ne pourra être extrait qu'à l'aide d'un endoscope, et parfois d'une chirurgie thoracique.
. La meilleure prévention consiste à raser les poils des chiens susceptibles d'attraper des épillets, pendant les mois à risque : face interne des oreilles des cockers, extrémité des pattes des caniches ou des briards, ventre des chiens à poils longs et épais… On évitera aussi de promener son chien sans laisse, au milieu des champs d'herbes hautes et sèches.
Il y a quelques années, une revue médicale publiait le cas d'un très jeune enfant qui avait présenté, en l'espace de quelques mois, une pneumonie, des troubles digestifs, une infection des voies urinaires, une péritonite, et finalement une paralysie des membres inférieurs. L'exploration de cette paralysie par imagerie avait montré la présence d'un abcès le long de la colonne vertébrale. Le débridement chirurgical de cet abcès avait permis à la fois de guérir la paralysie, et de découvrir au centre de l'abcès… un épillet ! Rétrospectivement, les médecins avaient compris que le jeune enfant avait dû mettre un épillet à la bouche, et l'avaler de travers (passage de l'épillet dans le poumon), provoquant ainsi une pneumonie. L'épillet avait ensuite cheminé, traversé le diaphragme, circulé dans le ventre du côté de l'intestin, puis des voies urinaires, provoqué une inflammation de l'abdomen (péritonite), avant d'aller se bloquer le long de la colonne vertébrale, y provoquant la formation d'un abcès. Ce n'est certes pas tous les jours qu'un épillet parcourt un tel circuit chez le chien, mais ce cas illustre bien le chemin que peut parcourir ce "voyageur", la gravité et le caractère trompeur des symptômes qui en résultent, et la difficulté de localiser l'épillet avant de l'extraire.
Qu'est-ce que c'est qu'un épillet ?
Les épillets sont des épis de graminées sauvages (le plus souvent Hordeum murinum, ou
orge des rats). Ils sont également connus sous toutes sortes d'appellations plus ou moins locales : espigons, crébassats, espangassats, voyageurs, spigaous...
Leur (triste) renommée est due à leur capacité à s'accrocher à toute surface filamenteuse (vêtement, mais aussi pelage d'animal), puis à progresser, toujours dans le même sens. Leur extrémité pointue leur permet en outre de perforer les tissus, y compris la peau. Tous les enfants du sud de la France (peut-être davantage les petits garçons ?) ont joué à se lancer des épillets, comme des fléchettes (ils s'accrochent très bien au pullover de la "cible") ou à mettre un épillet, pointe vers le haut, dans la manche du pull, au niveau du poignet : à la fin de la récré, on retrouve l'épillet quelque part du côté de l'épaule.
Qu'est-ce que ça fait chez le chien ?
Avec le chien, ça fait comme avec un pull : l'épillet s'accroche dans les poils, et commence à avancer. Quand sa pointe arrive au niveau de la peau, il la perfore, et continue à cheminer à l'intérieur, toujours dans le même sens, toujours plus profond. Il peut aussi profiter d'un orifice naturel pour s'introduire : oreille, fourreau, anus… Si le chien farfouille au milieu d'un champ d'herbes hautes et renifle un bon coup, l'épillet rentrera directement dans le nez, sans avoir besoin de passer par l'étape de l'accrochage dans les poils. Les épillets bien secs de juin-juillet, sont plus dangereux que les épillets verts du début du printemps.
Dans le détail, les épillets peuvent rentrer :
- Dans les oreilles : c'est de loin la localisation la plus fréquente ! lorsqu'un chien se met brusquement à se secouer les oreilles au printemps ou en été, penche la tête, refuse qu'on le touche… il y a probablement un épillet là-dessous ! A fortiori si l'oreille coule, suppure, ou
sent mauvais. L'épillet s'accroche aux poils autour de l'entrée de l'oreille (les races à poils longs et à oreilles tombantes, (cockers, épagneuls…), sont donc les plus touchées), descend directement au fond du conduit, où il peut arriver qu'il perfore le tympan. S'il passe de l'autre côté et se retrouve dans l'oreille moyenne… ça devient très embêtant, mais heureusement, ce genre de complication n'est pas très fréquent. (Photo de droite : quatre épillets, tout juste retirés d'une oreille de cocker).
Plus rarement, il arrive que l'on découvre par hasard, au cœur de l'hiver, à l'occasion d'un examen de routine, un vieil épillet enrobé de cérumen, dans l'oreille d'un chien qui ne s'en était jamais plaint. Cet épillet a dû rentrer en juin-juillet, se loger dans un coin du conduit où il ne gênait pas trop, et s'y tenir bien tranquille… mais un mouvement du corps étranger peut à tout moment provoquer une lésion du conduit ou une perforation du tympan, et déclencher une otite suppurée.
Notons qu'un ou plusieurs gros épillets peuvent être étonnamment bien tolérés par un chien stoïque, alors qu'une minuscule barbule peut parfois entraîner une très vive réaction chez un chien plus démonstratif. (Photo ci-contre : deux minuscules épillets (à comparer à ceux de la photo ci-dessus), retirés de l'oreille d'un Jack Russel terrier, rentré du jardin en secouant très violemment la tête)
- Dans le nez : il s'agit probablement de la deuxième localisation, par ordre de fréquence. Le chien renifle activement au milieu des hautes herbes, à la recherche d'une odeur de lapin, et revient tout à coup en retroussant une de ses narines et en éternuant violemment, au point de se taper le nez contre le sol et de se faire saigner. L'extrémité de l'épillet dépasse parfois encore de la narine, mais il est rare que l'on arrive à s'en saisir vu l'état d'agitation du chien, et encore plus rare que l'on arrive à l'extraire, à cause de la difficulté à faire reculer un épillet : on se retrouve généralement avec une petite barbule cassée entre les doigts, tandis que le reste de l'herbe poursuit son avancée à l'intérieur du nez.
Dans le meilleur des cas, à force de reniflements, l'épillet peut remonter jusqu'au fond du nez, tomber dans la gorge, et être avalé et éliminé avec les aliments. S'il tombe du mauvais côté et part en direction des poumons… c'est beaucoup plus embêtant ! (voir plus loin). Plus souvent, il se coince quelque part à l'intérieur du nez, et n'en bouge plus jusqu'à ce qu'on l'extraie, provoquant une rhinite avec jetage, éternuements et reniflements. Notons qu'un épillet est rarement rejeté lorsque le chien éternue, à cause de sa structure qui le conduit à avancer toujours dans le même sens.
Photos ci-dessus : le chien est endormi, une sonde trachéale est mise en place afin d'éviter qu'un éventuel saignement dans le nez ne puisse s'écouler dans le poumon. Le chien respire à travers la sonde un mélange d'oxygène et d'isoflurane, un anesthésique gazeux. Les deux narines sont explorées à l'aide d'un otoscope. Une fois l'épillet repéré, il est retiré à l'aide d'une pince à corps étranger.
- Dans l'œil : si votre toutou revient du champ d'à côté avec un œil à moitié fermé, ne pensez pas qu'il doit faire une allergie, qu'on va lui mettre le fond de collyre qui traîne dans l'armoire à pharmacie, et qu'on l'amènera chez le vétérinaire si ça ne passe pas au bout de deux ou trois jours : il est très probable qu'il se soit mis un épillet dans l'œil, en particulier sous le corps clignotant, encore appelé "troisième paupière". Il est important de retirer cet épillet aussi tôt que possible (une sédation sera souvent nécessaire), faute de quoi les frottements de l'herbe sur la cornée auront tôt fait de provoquer un ulcère, parfois difficile à guérir, et pouvant conduire, dans les cas les plus graves, à la perforation de la cornée et à la perte de l'œil. Plus rarement, un épillet peut pénétrer dans le canal lacrymal, entraînant une suppuration chronique des voies lacrymales. Notons que le chat attrape beaucoup moins d'épillets que le chien, mais que lorsqu'on en trouve dans cette espèce, c'est généralement dans l'œil !
Epillet dans l'œil d'un chat (photo de gauche), et après son extraction (à droite) : on constatera que ce que l'on voit dépasser de la paupière n'est que la partie émergée de l'iceberg !
- Dans la bouche : pour une raison qui n'appartient qu'à eux, certains chiens (et chats également !) vont régulièrement manger de grandes quantités d''herbe… et se retrouvent avec des épillets plein la bouche ! (photo ci-dessous). On découvre ces épillets, (le plus souvent sous sédation), plantés dans les amygdales (photo de droite), entre deux dents, ou dans des poches de gencive, pour peu que celle-ci soit un tantinet décollée. Dans les cas les plus embêtants, ces épillets traversent la muqueuse buccale, et partent se promener vers le bas (abcès entre les machoires), ou vers le haut (abcès derrière un œil, qui aura tendance à pousser ce dernier hors de son orbite… et là, c'est beaucoup plus grave !
Photo ci-dessus : barbule d'épillet dépassant de l'amygdale, chez une jeune chienne labrador.
Photo ci-contre :
Épillet planté dans la gencive d'un chat persan, en avant des incisives.
- Dans les voies génitales : que ce soit chez le mâle ou chez la femelle, les voies génitales constituent une porte d'entrée très intéressante pour un petit épillet. Chez la chienne, l'épillet rentre par la vulve. Deux directions s'offrent alors à lui : il peut remonter le long du vagin (provoquant des pertes vulvaires), puis le long d'une corne utérine, qu'il finira éventuellement par perforer pour se retrouver dans la cavité abdominale, provoquant alors une péritonite. Il peut aussi se diriger vers la fosse clitoridienne, et soit y rester coincé (entraînant là aussi des pertes vulvaires), soit traverser la paroi vaginale et partir se promener sous la peau, provoquant un abcès au bas du ventre. Chez le mâle, l'épillet rentre dans le fourreau. Il peut y rester coincé, entraînant un abcès et des pertes purulentes, ou bien transpercer la muqueuse du fourreau avant d'aller, là aussi, se promener sous la peau du ventre et y former des abcès. (Photo ci-dessus à droite : utérus d'une chienne, après exérèse chirurgicale : le col et la séparation en deux cornes est en bas à droite de la photo. Un épillet, qui est remonté jusqu'à l'extrémité de l'une des deux cornes, est visible en haut à gauche).
- Sous la peau : pas de porte d'entrée particulière, l'épillet s'accroche dans les poils, progresse, atteint la peau qu'il transperse, et continue à cheminer dans le tissu sous-cutané en créant des fistules, sortes de galeries qu'il creuse au fur et à mesure de sa progression (Photo de droite : un épillet en train de pénétrer dans la peau d'un berger allemand : découverte lors de la tonte, avant une chirurgie). Du pus s'écoule jusqu'à l'extérieur, le long de ces fistules. Les épillets pénètrent souvent entre deux doigts, zône à peau fine où il est facile de s'accrocher, et peuvent ensuite remonter assez haut le long de la patte : le chien passe alors des heures à se lécher entre les doigts, et un petit abcès peut être observé à cet endroit. Ils peuvent aussi traverser la peau un peu n'importe où (sous le ventre, le long des flancs…), notamment chez les chiens à sous-poil dense, comme les saint-bernard, bouviers bernois, montagnes des Pyrénées, ou même bergers allemands. Notons qu'un épillet qui chemine sous la peau depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines, peut être parti absolument n'importe où, parfois très loin de son point d'entrée !
Photo de gauche : un abcès, situé entre les doigts d'un springer spaniel, est incisé sous anesthésie générale. Photo de droite : une barbule d'épillet est extraite de l'abcès.
- Dans le poumon : un chien qui vient de passer dix minutes à courir comme un dératé, bouche grande ouverte, au milieu d'un champ de hautes herbes, et qui revient en toussant piteusement… a probablement "avalé" dans sa course un épillet, malencontreusement parti du mauvais côté. Il est alors essentiel de récupérer cet épillet le plus rapidement possible à l'intérieur de sa bronche, en utilisant un endoscope. Faute de quoi l'épillet, fidèle à son habitude, progressera le long de la bronche, s'enfonçant toujours plus profondément dans le poumon, jusqu'à ce qu'il devienne impossible de le récupérer (photos ci-dessous). Une pneumonie, une pleurésie, ou un penumothorax, en sont les conséquences habituelles. (Photo de gauche : très gros épi de graminée, juste après son retrait par endoscopie de l'une des bronches souches d'un chien, qui toussait et crachait du sang depuis plusieurs semaines).
Gros épillet, coincé dans une bronche chez une jeune labrador. L'épillet a déjà progressé au-delà de la troisième bifurcation bronchique, et se trouve maintenant dans les petites bronches.
Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
Le traitement consiste évidemment à retirer l'épillet, ce qui est parfois plus facile à dire qu'à faire !
Pas trop de problème si l'épillet est rentré dans une oreille ou dans un œil : une sédation sera souvent nécessaire, excepté chez un chien (ou un chat) très stoïque, mais sauf exception (comme un passage de l'autre côté du tympan ou dans un canal lacrymal), l'épillet ne peut pas se cacher bien loin, et sera retiré à l'aide d'une simple pince (dans l'œil), ou d'un otoscope et d'une pince à corps étranger (dans l'oreille)(photo de droite). Après, il restera à gérer les dégâts causés par le séjour de l'herbe, (otite suppurée, ulcère cornéen…), mais au moins la cause du problème aura-t-elle été retirée.
Le truc à savoir : s'il est évident que votre chien s'est mis un épillet dans l'oreille (tout allait bien au départ en promenade, et là, il sort d'un champ d'herbes hautes en secouant frénétiquement la tête), et s'il est 21 heures un dimanche soir, vous pourrez probablement éviter de partir à la recherche du vétérinaire de garde en versant un peu d'huile de table dans l'oreille du chien : cela aura pour effet de ramollir l'épillet, qui cessera alors de piquer les parois du conduit auditif, donc de faire mal, et vous pourrez attendre (à peu près) tranquillement la journée du lundi. Evidemment, si le chien continue à se plaindre vingt ou trente minutes après avoir mis de l'huile, il faudra se décider à téléphoner à votre vétérinaire pour faire retirer l'épillet sans plus attendre !
Si l'épillet parti se promener sous la peau, les choses sont déjà plus compliquées : on commence généralement par explorer la fistule, à partir du point d'entrée, en aveugle, avec une pince à corps étranger. La chance et l'expérience permettent souvent de ramener l'épillet après quelques secondes à quelques minutes. Si la pêche se révèle infructueuse, il faut intervenir chirurgicalement, et rechercher l'épillet le long de la fistule… mais parfois aussi au cœur d'un énorme abcès ! (photos ci-dessous). Autant rechercher une aiguille dans une botte de foin… Lorsqu'on ne trouve pas, on referme après une demi-heure à une heure de recherche, on met le chien sous antibiotique et anti-inflammatoire, et on y retourne quelques jours plus tard, en comptant sur le fait que le traitement aura "assaini" la plupart des tissus… sauf ceux à proximité immédiate de l'épillet, ce dernier étant alors plus facile à repérer. Plusieurs interventions sont parfois nécessaires avant de finir par trouver… ou pas, le corps étranger !
Photo de gauche : volumineux abcès à l'arrière de la cuisse, chez un labrador de dix ans (qui avait également un épillet dans l'oreille). On devine le point d'entrée de l'épillet au milieu de l'abcès. Photo de droite : la peau nécrosée a été incisée, et l'abcès est maintenant largement ouvert. Après nettoyage du pus, l'épillet est repéré et extrait du tissu sous-cutané, très remanié. Tout ce tissu sous-cutané sera retiré, avant fermeture.
Certaines techniques d'imagerie peuvent aider, (radiographie après injection d'un produit de contraste dans la fistule, échographie tissulaire…), mais ne permettent pas de repérer l'épillet à tous les coups, loin de là ! Sans compter les cas où ce satané épillet est parti se loger dans un endroit où il sera bien difficile de l'atteindre : en arrière d'un œil, dans une région où passent des nerfs et de gros vaisseaux, derrière un rein… N'oublions pas le cas des chiens à sous poil dense, chez qui l'on découvre, après tonte des poils du ventre et des flancs, des dizaines de fistules, chacune avec un épillet au bout ! Dieu merci, même si ce genre de recherche, parfois difficile, est quasi-quotidien en été, les cas vraiment compliqués, où l'on doit intervenir plusieurs fois, parfois sans jamais trouver l'épillet au bout du compte… sont finalement assez rares.
Pour les épillets ayant pénétré par une voie naturelle, (nez, vagin, fourreau, sac anal…), les choses ne sont pas trop compliquées s'ils ne sont pas partis trop loin. On les trouve et on les extrait facilement, sous sédation ou sous anesthésie générale, au milieu des cornets nasaux (photo de droite), dans la fossse clitoridienne, ou plantés au fond du fourreau. Evidemment, s'ils sont partis plus loin, les choses se corsent. Si l'épillet est remonté le long d'une corne utérine, a fortiori s'il a perforé cette dernière et qu'il est parti se promener dans l'abdomen, une chirurgie, parfois compliquée, sera nécessaire. S'il a été reniflé et qu'il est parti dans une bronche, il faudra alors le récupérer sous endoscopie - ce qui peut être délicat, surtout sur un animal de petit format avec des bronches de faible diamètre. Le tout étant qu'il ne se soit pas enfoncé trop loin à l'intérieur du poumon : sinon, il y aura risque de pneumonie, pleurésie ou pneumothorax, et il sera nécessaire d'ouvrir le thorax afin de retirer un lobe du poumon, ou de partir dans une recherche délicate de l'épillet baladeur dans l'espace pleural (photos ci-dessous). Heureusement, ce dernier cas de figure ne se présente pas trop souvent !
Tentatives d'extraction de l'épillet bronchique déjà présenté plus haut, chez une jeune chienne labrador. L'épillet est solidement saisi par la pince, mais impossible à faire reculer (car gros, rigide, et coincé dans une petite bronche, profondément dans le poumon). La suite des événements s'est déroulée en Savoie, où résident les propriétaires : localisation de l'épillet par scanner, à proximité de la plèvre et de l'aorte (Dr Chuzel), puis retrait chirurgical du lobe pulmonaire correspondant (Clinique Vétérinaire du Lac, 74 Sevrier), ce qui a permis de sauver la chienne.
Et comment peut-on empêcher ça ?
Difficile de supprimer totalement le risque, mais on peut tout de même le minimiser :
- En faisant tondre votre chien, totalement ou en partie, avant et pendant la saison des épillets, surtout s'il s'agit d'un chien aux poils longs et frisés. On peut raisonnablement se limiter à la face interne des oreilles (autour de l'entrée du conduit auditif - photos ci-dessous) et à l'extrémité des pattes (jusqu'au dessus des doigts - photo à droite), mais pour les chiens à sous-poil dense et qui vivent au milieu d'herbes hautes, il peut être intéressant de faire raser tout le dessous du corps une ou deux fois pendant la saison : ça ne se voit pas ou peu, et ça peut éviter bien des désagréments. Il nous arrive même de rencontrer des briards ou des bobtails entièrement rasés, en début d'été : le résultat esthétique est, certes, contestable, mais le chien a moins chaud, et il risque moins d'ennuis non seulement avec les épillets, mais aussi avec tous les problèmes de macération (dermites pyo-traumatiques, larves de mouches…)
Ci-dessus à droite : plusieurs épillets, plantés entre les doigts de la main gauche d'un chien, ont été retirés, et la main droite a été rasée.
Photos ci-contre :
Oreille d'un berger des pyrénées, avant (photo de gauche), et après tonte (photo de droite) : le risque d'attraper des épillets dans l'oreille est nettement diminué dans ce dernier cas !
- En rasant les herbes hautes du jardin, et en éliminant les restes de tonte. Evidemment, il y aura toujours un petit bouquet d'herbes que l'on aura oublié dans un coin, et dans lequel le chien s'empressera d'aller mettre son nez, mais le risque sera tout de même bien diminué.
- En évitant de promener les chien dans des endroits à risque. Cela peut rendre la promenade un peu compliquée, mais pendant les mois chauds où les herbes sont les plus sèches, il vaut mieux tenir son chien en laisse lorsque l'on chemine à proximité d'un champ d'herbes hautes. Et au retour à la maison, bien inspecter l'animal pour retirer tous les épillets qui peuvent être accrochés dans son pelage.
- Et bien sûr, en consultant rapidement votre vétérinaire devant tout signe évocateur, pendant les mois d'été : si, au retour d'une promenade, votre chien secoue vigoureusement les oreilles, éternue violemment, garde un œil fermé, ou se met brusquement à tousser… si vous observez un petit abcès entre les doigts ou sous le ventre de votre animal, que ce dernier lèche sans arrêt… si votre chienne stérilisée a des pertes vaginales… il est urgent de consulter !
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