Sur quel ton s'adresser à son chien ?
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Sur quel ton s'adresser à son chien ?
Texte publié dans le magazine Santé pratique animaux de juin 2005
Sur quel ton s'adresser à son chien ?
Communiquer c’est faire savoir, faire partager, transmettre des informations. La communication est donc un échange, une relation entre deux ou plusieurs êtres vivants et cela passe par comprendre l’autre et s’en faire comprendre.
Entrer en relation avec un chien suppose donc de bien savoir décoder les comportements de « cet autre » qui n’est pas de notre espèce et de s’adresser à lui de manière accessible.
Une tâche pas si simple, car nos morphologies et équipements sensoriels si différents, ne nous font pas vivre pareillement les choses. Marchant à nos côtés, en promenade forêt par exemple, le chien repère olfactivement et auditivement ce que nous ne percevons qu’à peine, voire pas du tout : l’odeur d’un gibier passé là il y a peu, les bruits du déplacement furtif d’un rongeur dans les fourrés, ou le fait que nous sommes déjà passés sur ce chemin (ce qui a pu complètement nous échapper !)
De son côté, notre compagnon n’a pas accès aux moyens qu’ont les humains pour s’orienter et se diriger, comme communiquer entre eux par le langage verbal et l’écriture (ce qui est bien utile pour demander une direction à d’autres, ou lire les panneaux et plans de situation de la forêt par exemple).
Le chien comme nous-même peut ainsi voir l’autre, mû par quelque chose qui lui reste étranger.
D’autre part, les codes sociaux qui régissent les rapports entre canidés ne sont pas ceux que les êtres humains ont mis en place pour organiser leurs propres relations, et les rituels des uns restent incompréhensibles aux autres.
Bref, entre humains et chiens il n’est pas bien facile de « se lire » et c’est dans le piège de l’anthropomorphisme* que nous tombons quand nous peinons à les comprendre. Ce penchant naturel mène à faire de mauvaises lectures des comportements d’un animal. Mal interpréter ses conduites entraîne forcément des réponses inappropriées.
Penser par exemple, que son chien est retors et vengeur quand il détruit, aboie ou souille la maison quand il est seul, conduit rapidement les maîtres à vouloir le sanctionner. Sanctions qui viennent embrouiller encore davantage la relation, avec un chien qui devient de plus en plus agité ou/et peureux ou/et agressif (continuant de produire des comportements inexpliqués, symptômes de sa détresse et de ses difficultés d’adaptation à son environnement)
Escalade d’incompréhensions mutuelles et de réponses inadaptées qui viennent signer l’échec de la communication. Car réagir par exemple avec des colliers anti-aboiement, des mises en cage ou/et l’administration de psychotropes (ou de granules d’ailleurs) montre que l’on ne cherche qu’à minorer voire étouffer ou contrer ces symptômes, sans plus se soucier des causes.
Aussi peu « experts en communication » je vois couramment s’évertuer 2 « clans » extrêmes : les maîtres qui « expliquent » à leur chien et ceux qui « aboient » ! plus qu’ils ne lui parlent pour s’en faire obéir !
Le clan de « ceux qui expliquent »
« Parfois, notre chien ne veut rien comprendre ! » me dit-on. « Nous lui expliquons pourtant bien que ce canapé n’est pas sa place, mais la nôtre… que les plates-bandes du jardin ne sont pas à arroser d’urine ! Ou même que s’il tire ainsi sur sa laisse en balade, il va finir par nous faire tomber… ! ».
J’en vois déjà qui sourient… Il m’est pourtant très souvent donné d’entendre ce genre de remarques, de la bouche de personnes convaincues de bien faire.
Privilégier à outrance le langage verbal pour interagir avec son chien, n’ouvre pas à une bonne communication. Cet animal est très doué il est vrai, mais attention à ne pas le croire pour autant, capable d’accéder à ce que seuls des êtres humains peuvent appréhender.
Le chien n’a pas accès à la sémantique, c'est-à-dire au sens des mots et j’évoquais déjà cela dans l’article : anthropomorphisme. Plutôt sensible à la « musique » ou « mélodie » des mots, il est bien sûr parfaitement capable de mémoriser quantité de termes et expressions entendus dans son quotidien, et de les associer à un objet ou une action.
C’est ainsi qu’il apprend que « gâteau » c’est ce régal que vous lui tendez. Qu’il associe bien vite une balade à « on va promener », si son maître brandit la laisse pour se diriger dehors !
Rapidement les « gâteau » et « on va promener » seront des signaux sonores connus qui lui feront dresser l’oreille, sachant parfaitement à quoi ils sont associés.
« Expliquer » ne sera donc réservé qu’à un enfant mais pas un chien.
Optimiser la compréhension de son compagnon, c’est prendre l’habitude de lui parler avec toujours les mêmes mots simples, employés par tous les membres de la famille, avec des gestes incitateurs qui peuvent éclairer et renforcer le signal.
Faciliter la vie du chien c’est surtout savoir lui proposer des règles de vie non changeantes au gré des humeurs et emplois du temps de chacun. Les choses interdites aujourd’hui par l’un et permises demain par l’autre, mettent l’animal dans la contradiction.
Schématiquement et pour rappel, il faut maintenir :
1- Une bonne gestion de la distribution de la nourriture (sans donner à table, parce que le chien ne sait pas ce qu’est le partage)
2- Une bonne gestion des interactions avec lui, en restant neutre devant ses demandes de jeux, caresses, sorties, etc. pour rester ceux qui proposent tout échange, et cela TOUT LE TEMPS.
Sans oublier de poser des interdits sur l’occupation de certaines pièces ou places de repos.
Beaucoup confondent cela avec de la dureté, pensant que l’on ne peut ainsi plus avoir de moments privilégiés avec son chien. Ce qui est inexact, puisqu’il revient tout simplement d’initier soi-même toute interaction, au lieu que ce soit l’animal qui le fasse ! Cela fait toute la différence pour le chien qui sera de lui-même plus attentif à cette manière de communiquer, et trop content de participer.
Poser et maintenir des règles de vie, c’est offrir à son compagnon des repères stables, qui sont la quête éperdue de tant de chiens aux comportements désordonnés.
Le clan de ceux qui «aboient» après leur chien
Dans ce « clan » là, les chiens s’y voient recevoir des ordres à tout bout de champ. Les « AU PIED ! NON ! ASSIS ! COUCHÉ ! PAS BOUGER ! À TA PLACE ! pleuvent sur le même ton du commandement impératif que les VIENS ! et les C’EST BIEN !
Les gestes de contrainte accompagnant couramment la parole, pour saisir l’animal au collier ou par la peau du cou, et lui appuyer sur le dos en réitérant les ordres parfois jusqu’à hurler !
Ces personnes ont-elles un chien sourd, moins intelligent ou plus rétif que d’autres ? N’ont-elles pas plutôt manqué de précision, constance et cohérence, dans la mise en place des règles de vie que j’évoquais plus haut (qui sont normalement structurantes et apaisantes, je le rappelle)
D’autre part, l’apprentissage des ordres de base a-t-il été mené avec assez de patiente, précision et récompenses ?
Pour apprendre à son chien les quelques ordres qui peuvent être utiles au quotidien, le ton employé et les gestes qui doivent accompagner sont de la plus grande importance. Une voix forte et résonnante propre à stopper un élan, doit plutôt être réservée à un « NON ! » ferme qui signifie au chien un interdit, mais pas à un « VIENS ! » qui doit être appris sur le ton de l’invitation joyeuse, pour susciter son empressement.
Un « VIENS » ! proféré au chien sur le ton de la menace avec un index pointé vers le pied, est tellement contradictoire avec le désir de déclencher son enthousiasme à venir!
Ces ordres, ainsi que les « assis, couché » etc. devant être poussés sans rudesse, avec calme et patience jusqu’au résultat escompté, pour ne pas apprendre maladroitement au chien à ignorer nos messages, et bien sûr sans oublier de gratifier.
Pressé et imprécis, on ne peut qu’obtenir « l’à peu près » d’un animal qui peine à s’adapter, et c’est l’escalade vers un dressage « musclé » de la voix et du geste, pour contrer ses comportements de plus en plus désordonnés. Contraintes verbales ou/et physiques ne sont plus alors que la rupture de la communication.
Le chien est un être social et pour lui comme pour nous, tout comportement en situation d’interaction a valeur de message à l’autre. Bien « réceptionner » le message de l’émetteur, et soigner la qualité de son expression en réponse, sont donc les deux clés à détenir pour qu’en face de ce « champion de la communication », nous ne soyons pas que le « brouillon de la communication ».
* attribuer à l’animal des caractéristiques propres à l’humain.
Danièle Mirat
Sur quel ton s'adresser à son chien ?
Communiquer c’est faire savoir, faire partager, transmettre des informations. La communication est donc un échange, une relation entre deux ou plusieurs êtres vivants et cela passe par comprendre l’autre et s’en faire comprendre.
Entrer en relation avec un chien suppose donc de bien savoir décoder les comportements de « cet autre » qui n’est pas de notre espèce et de s’adresser à lui de manière accessible.
Une tâche pas si simple, car nos morphologies et équipements sensoriels si différents, ne nous font pas vivre pareillement les choses. Marchant à nos côtés, en promenade forêt par exemple, le chien repère olfactivement et auditivement ce que nous ne percevons qu’à peine, voire pas du tout : l’odeur d’un gibier passé là il y a peu, les bruits du déplacement furtif d’un rongeur dans les fourrés, ou le fait que nous sommes déjà passés sur ce chemin (ce qui a pu complètement nous échapper !)
De son côté, notre compagnon n’a pas accès aux moyens qu’ont les humains pour s’orienter et se diriger, comme communiquer entre eux par le langage verbal et l’écriture (ce qui est bien utile pour demander une direction à d’autres, ou lire les panneaux et plans de situation de la forêt par exemple).
Le chien comme nous-même peut ainsi voir l’autre, mû par quelque chose qui lui reste étranger.
D’autre part, les codes sociaux qui régissent les rapports entre canidés ne sont pas ceux que les êtres humains ont mis en place pour organiser leurs propres relations, et les rituels des uns restent incompréhensibles aux autres.
Bref, entre humains et chiens il n’est pas bien facile de « se lire » et c’est dans le piège de l’anthropomorphisme* que nous tombons quand nous peinons à les comprendre. Ce penchant naturel mène à faire de mauvaises lectures des comportements d’un animal. Mal interpréter ses conduites entraîne forcément des réponses inappropriées.
Penser par exemple, que son chien est retors et vengeur quand il détruit, aboie ou souille la maison quand il est seul, conduit rapidement les maîtres à vouloir le sanctionner. Sanctions qui viennent embrouiller encore davantage la relation, avec un chien qui devient de plus en plus agité ou/et peureux ou/et agressif (continuant de produire des comportements inexpliqués, symptômes de sa détresse et de ses difficultés d’adaptation à son environnement)
Escalade d’incompréhensions mutuelles et de réponses inadaptées qui viennent signer l’échec de la communication. Car réagir par exemple avec des colliers anti-aboiement, des mises en cage ou/et l’administration de psychotropes (ou de granules d’ailleurs) montre que l’on ne cherche qu’à minorer voire étouffer ou contrer ces symptômes, sans plus se soucier des causes.
Aussi peu « experts en communication » je vois couramment s’évertuer 2 « clans » extrêmes : les maîtres qui « expliquent » à leur chien et ceux qui « aboient » ! plus qu’ils ne lui parlent pour s’en faire obéir !
Le clan de « ceux qui expliquent »
« Parfois, notre chien ne veut rien comprendre ! » me dit-on. « Nous lui expliquons pourtant bien que ce canapé n’est pas sa place, mais la nôtre… que les plates-bandes du jardin ne sont pas à arroser d’urine ! Ou même que s’il tire ainsi sur sa laisse en balade, il va finir par nous faire tomber… ! ».
J’en vois déjà qui sourient… Il m’est pourtant très souvent donné d’entendre ce genre de remarques, de la bouche de personnes convaincues de bien faire.
Privilégier à outrance le langage verbal pour interagir avec son chien, n’ouvre pas à une bonne communication. Cet animal est très doué il est vrai, mais attention à ne pas le croire pour autant, capable d’accéder à ce que seuls des êtres humains peuvent appréhender.
Le chien n’a pas accès à la sémantique, c'est-à-dire au sens des mots et j’évoquais déjà cela dans l’article : anthropomorphisme. Plutôt sensible à la « musique » ou « mélodie » des mots, il est bien sûr parfaitement capable de mémoriser quantité de termes et expressions entendus dans son quotidien, et de les associer à un objet ou une action.
C’est ainsi qu’il apprend que « gâteau » c’est ce régal que vous lui tendez. Qu’il associe bien vite une balade à « on va promener », si son maître brandit la laisse pour se diriger dehors !
Rapidement les « gâteau » et « on va promener » seront des signaux sonores connus qui lui feront dresser l’oreille, sachant parfaitement à quoi ils sont associés.
« Expliquer » ne sera donc réservé qu’à un enfant mais pas un chien.
Optimiser la compréhension de son compagnon, c’est prendre l’habitude de lui parler avec toujours les mêmes mots simples, employés par tous les membres de la famille, avec des gestes incitateurs qui peuvent éclairer et renforcer le signal.
Faciliter la vie du chien c’est surtout savoir lui proposer des règles de vie non changeantes au gré des humeurs et emplois du temps de chacun. Les choses interdites aujourd’hui par l’un et permises demain par l’autre, mettent l’animal dans la contradiction.
Schématiquement et pour rappel, il faut maintenir :
1- Une bonne gestion de la distribution de la nourriture (sans donner à table, parce que le chien ne sait pas ce qu’est le partage)
2- Une bonne gestion des interactions avec lui, en restant neutre devant ses demandes de jeux, caresses, sorties, etc. pour rester ceux qui proposent tout échange, et cela TOUT LE TEMPS.
Sans oublier de poser des interdits sur l’occupation de certaines pièces ou places de repos.
Beaucoup confondent cela avec de la dureté, pensant que l’on ne peut ainsi plus avoir de moments privilégiés avec son chien. Ce qui est inexact, puisqu’il revient tout simplement d’initier soi-même toute interaction, au lieu que ce soit l’animal qui le fasse ! Cela fait toute la différence pour le chien qui sera de lui-même plus attentif à cette manière de communiquer, et trop content de participer.
Poser et maintenir des règles de vie, c’est offrir à son compagnon des repères stables, qui sont la quête éperdue de tant de chiens aux comportements désordonnés.
Le clan de ceux qui «aboient» après leur chien
Dans ce « clan » là, les chiens s’y voient recevoir des ordres à tout bout de champ. Les « AU PIED ! NON ! ASSIS ! COUCHÉ ! PAS BOUGER ! À TA PLACE ! pleuvent sur le même ton du commandement impératif que les VIENS ! et les C’EST BIEN !
Les gestes de contrainte accompagnant couramment la parole, pour saisir l’animal au collier ou par la peau du cou, et lui appuyer sur le dos en réitérant les ordres parfois jusqu’à hurler !
Ces personnes ont-elles un chien sourd, moins intelligent ou plus rétif que d’autres ? N’ont-elles pas plutôt manqué de précision, constance et cohérence, dans la mise en place des règles de vie que j’évoquais plus haut (qui sont normalement structurantes et apaisantes, je le rappelle)
D’autre part, l’apprentissage des ordres de base a-t-il été mené avec assez de patiente, précision et récompenses ?
Pour apprendre à son chien les quelques ordres qui peuvent être utiles au quotidien, le ton employé et les gestes qui doivent accompagner sont de la plus grande importance. Une voix forte et résonnante propre à stopper un élan, doit plutôt être réservée à un « NON ! » ferme qui signifie au chien un interdit, mais pas à un « VIENS ! » qui doit être appris sur le ton de l’invitation joyeuse, pour susciter son empressement.
Un « VIENS » ! proféré au chien sur le ton de la menace avec un index pointé vers le pied, est tellement contradictoire avec le désir de déclencher son enthousiasme à venir!
Ces ordres, ainsi que les « assis, couché » etc. devant être poussés sans rudesse, avec calme et patience jusqu’au résultat escompté, pour ne pas apprendre maladroitement au chien à ignorer nos messages, et bien sûr sans oublier de gratifier.
Pressé et imprécis, on ne peut qu’obtenir « l’à peu près » d’un animal qui peine à s’adapter, et c’est l’escalade vers un dressage « musclé » de la voix et du geste, pour contrer ses comportements de plus en plus désordonnés. Contraintes verbales ou/et physiques ne sont plus alors que la rupture de la communication.
Le chien est un être social et pour lui comme pour nous, tout comportement en situation d’interaction a valeur de message à l’autre. Bien « réceptionner » le message de l’émetteur, et soigner la qualité de son expression en réponse, sont donc les deux clés à détenir pour qu’en face de ce « champion de la communication », nous ne soyons pas que le « brouillon de la communication ».
* attribuer à l’animal des caractéristiques propres à l’humain.
Danièle Mirat
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