« Humeur, caractère de chien »… peut-être ! mais jamais pour rien… !
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« Humeur, caractère de chien »… peut-être ! mais jamais pour rien… !
Texte publié dans le magazine "Atout Chien" n° 227 de janvier 2005
« Humeur, caractère de chien »… peut-être ! mais jamais pour rien… !
Il nous arrive tous plus ou moins de redouter dans notre entourage, ce patron ou ce parent « au caractère de chien », ou bien cette amie ou ce collègue de travail qui arrive régulièrement le matin « d’une humeur de chien »… ! bref d’avoir à subir une personne au tempérament passablement ombrageux ou imprévisible.
Je trouve injuste d’associer « chien » et mauvaise humeur, car je vois en cet animal un naturel spontané plutôt accommodant.
De plus, souvent réservée pour évoquer un roquet (ou petit chien hargneux) plutôt qu’un animal véritablement dangereux, l’expression « humeur ou caractère de chien » vient même introduire un aspect discriminatoire à l’égard des petites races, ce qui la rend encore plus injuste à mes yeux.
C’est pourtant commun d’entendre des amoureux des chiens (mais seulement « des gros » !) asséner cette vérité, selon eux, disant que les « petits chiens » sont plus hargneux que les gros.
Cela se vérifie t-il dans les faits ? et si oui… pourquoi ?
Offrirait-on aux gros chiens une meilleure éducation en général ? les petits seraient-ils davantage « peluchisés » ?
Parce que personne (humain ou canidé) n’est grognon, désagréable, agressif… comme ça… pour rien !
Plus ou moins distants, menaçants voire agressifs, on observe des chiens de grandes ou petites races, peu sociables avec leurs congénères, les êtres humains, ou avec les deux à la fois !
Tous ces chiens ont des raisons parfois multiples de n’être pas ces compagnons équilibrés et faciles à vivre, au quotidien des interactions et rencontres.
Alors qu’est ce qui peut mettre tout ce petit monde canin « de mauvaise humeur » ?
Très schématiquement, c’est le plus souvent la peur qui fera d’eux, les « hargneux » en question.
Isabelle, la maîtresse de Pirouette, n’avait pas pu promener tout de suite sa petite Cocker, quand celle-ci est arrivée chez elle en décembre 2003, à l’âge de 10 semaines.
Affectée de toux et de désordres digestifs multiples, le petit animal est resté confiné dans l’appartement près de 3 mois sans sortir (à part 2 ou 3 exceptions dans le jardin d’une amie à la campagne).
Quand Isabelle a jugé Pirouette moins fragile, elle a alors commencé à vouloir promener sa petite chienne dans la rue.
La peur de cet environnement urbain inconnu était telle pour Pirouette, qu’elle vivait toutes ces nouveautés comme des agressions:
les passants, la trouvant craquante et qui tous très intrusifs, voulaient la caresser…
ses congénères, aux morphologies si diverses et de ce fait inquiétantes, qui pour la plupart fondaient sur elle avec curiosité…
sans parler de ce tohu-bohu puant et pétaradant de la ville !...
Elle qui n’avait connu jusqu’alors, que le calme feutré du nid douillet de sa maîtresse, avec son cercle familial et amical restreint, les 3 Cockers de l’élevage où elle était née, et le Pinsher nain de la voisine de palier !!
Isabelle ne comprenait pas que Pirouette ne puisse pas surmonter ses peurs et ne soit pas plus sociable.
Se rendant compte qu’elle avait un peu trop tardé à faire faire mille rencontres à sa Pirouette, Isabelle faisait maintenant du « forcing »
Dans les boutiques, en prenant sa petite chienne dans ses bras, elle insistait pour qu’on la caresse. Pirouette voyait ainsi pleuvoir sur elle (et sans possibilité d'esquiver) les exclamations et caresses d'humains inconnus tous plus démonstratifs les uns que les autres!
Isabelle prenait aussi Pirouette dans ses bras pour la soustraire rapidement aux assauts un peu vifs de grands chiens qui l’effrayaient autant (sinon plus) que Pirouette elle-même (lui signalant ainsi que cela devait être bien inquiétant!!)
Elle accumulait les maladresses qui ont amené progressivement le petit animal à aboyer puis gronder et enfin mordre pour faire reculer tout ce monde (humain et canin) trop curieux, envahissant et effrayant. Plus Isabelle cherchait maladroitement à rassurer Pirouette, plus celle-ci était incapable de faire face sereinement à tout son environnement.
Tout était terrifiant pour la petite chienne, qui n’avait pas été habituée à ce qui fait l’ordinaire d’un chien familier, au bon moment, c'est-à-dire entre sa 7è et sa 14è semaine.
Pirouette était ainsi devenue le type même du « petit chien hargneux », par maladresse et méconnaissance de ce qu’engendre le fait de ne pas poursuivre et renforcer activement la socialisation d’un chiot, et cela, dès son acquisition. Sans précipitation mais avec méthode et application, toutes découvertes et nouvelles rencontres devant être proposées au chiot le plus tôt possible, et être toujours agréables et positives pour lui.
Tempo le Jack Russel n’avait même pas connu le bonheur de rester avec sa mère et sa fratrie pendant 8 semaines (ce qui est le strict minimum pour garantir le bon équilibre d’un chiot). Mal socialisé à sa propre espèce, il redoutait surtout ses congénères. Résultat : il cherchait à les fuir, mais lorsqu'il était maintenu en laisse sur les trottoirs, terrifié, il les agressait bruyamment lors de toute approche.
Vix le Teckel, lui, n’avait connu que des chiens dans son chenil isolé où seul l’éleveur distribuait la nourriture sans véritables interactions. Croiser tout être humain petit ou grand en promenade le mettait maintenant dans le plus grand désarroi, et ses menaces (aboiement et grondements) étaient destinés à freiner leurs approches.
Les difficultés pour Utrillo le Colley, n’étaient pas exactement les mêmes que pour Pirouette, Tempo ou Vix. Ses maîtres avaient perdu leur précédent chien, mort au cours d’une bagarre qui avait mal tourné avec plusieurs chiens rencontrés en promenade. Ils étaient maintenant si crispés dans leurs balades, guettant anxieusement toute approche du moindre canidé, qu’ils communiquaient malgré eux, leur appréhension à Utrillo. Averti dès la moindre tension de sa laisse que quelque chose de suspect se profilait, le jeune animal réagissait de plus en plus inquiet face aux approches des chiens et de leurs propriétaires en général. Au fil des sorties, par peur à son tour, il est devenu menaçant lui aussi.
Comme tous ses congénères, un chien dit « hargneux » se trouve façonné par sa lignée, son vécu prénatal, sa naissance, son développement précoce durant le temps passé avec sa mère et sa fratrie, ses expériences dans son environnement d’adoption.
Dès son plus jeune âge, de multiples facteurs ne favorisent pas l’équilibre psychique et comportemental d’un chien, et peuvent l’amener à des peurs et des conduites agressives en extérieur. Ces principaux facteurs sont
Le manque de stimulations sensorielles et d’imprégnation du chiot (avec l’isolement en chenil) (comme Vix)
Le retrait prématuré de sa portée (comme Tempo)
Les possibles expériences traumatisantes de sa 7è semaine à sa 14è semaine (et même un peu plus tard pour certaines races molossoïdes)
Les craintes de ses maîtres pour sa vie (comme Utrillo)
Leur méconnaissance des périodes critiques du jeune âge et des causes de peurs du chien en général (comme Pirouette).
L’aide d’un spécialiste du comportement peut alors être nécessaire pour ne pas se retrouver avec un compagnon à 4 pattes à « l’humeur de chien », même et surtout préventivement.
Danièle Mirat
« Humeur, caractère de chien »… peut-être ! mais jamais pour rien… !
Il nous arrive tous plus ou moins de redouter dans notre entourage, ce patron ou ce parent « au caractère de chien », ou bien cette amie ou ce collègue de travail qui arrive régulièrement le matin « d’une humeur de chien »… ! bref d’avoir à subir une personne au tempérament passablement ombrageux ou imprévisible.
Je trouve injuste d’associer « chien » et mauvaise humeur, car je vois en cet animal un naturel spontané plutôt accommodant.
De plus, souvent réservée pour évoquer un roquet (ou petit chien hargneux) plutôt qu’un animal véritablement dangereux, l’expression « humeur ou caractère de chien » vient même introduire un aspect discriminatoire à l’égard des petites races, ce qui la rend encore plus injuste à mes yeux.
C’est pourtant commun d’entendre des amoureux des chiens (mais seulement « des gros » !) asséner cette vérité, selon eux, disant que les « petits chiens » sont plus hargneux que les gros.
Cela se vérifie t-il dans les faits ? et si oui… pourquoi ?
Offrirait-on aux gros chiens une meilleure éducation en général ? les petits seraient-ils davantage « peluchisés » ?
Parce que personne (humain ou canidé) n’est grognon, désagréable, agressif… comme ça… pour rien !
Plus ou moins distants, menaçants voire agressifs, on observe des chiens de grandes ou petites races, peu sociables avec leurs congénères, les êtres humains, ou avec les deux à la fois !
Tous ces chiens ont des raisons parfois multiples de n’être pas ces compagnons équilibrés et faciles à vivre, au quotidien des interactions et rencontres.
Alors qu’est ce qui peut mettre tout ce petit monde canin « de mauvaise humeur » ?
Très schématiquement, c’est le plus souvent la peur qui fera d’eux, les « hargneux » en question.
Isabelle, la maîtresse de Pirouette, n’avait pas pu promener tout de suite sa petite Cocker, quand celle-ci est arrivée chez elle en décembre 2003, à l’âge de 10 semaines.
Affectée de toux et de désordres digestifs multiples, le petit animal est resté confiné dans l’appartement près de 3 mois sans sortir (à part 2 ou 3 exceptions dans le jardin d’une amie à la campagne).
Quand Isabelle a jugé Pirouette moins fragile, elle a alors commencé à vouloir promener sa petite chienne dans la rue.
La peur de cet environnement urbain inconnu était telle pour Pirouette, qu’elle vivait toutes ces nouveautés comme des agressions:
les passants, la trouvant craquante et qui tous très intrusifs, voulaient la caresser…
ses congénères, aux morphologies si diverses et de ce fait inquiétantes, qui pour la plupart fondaient sur elle avec curiosité…
sans parler de ce tohu-bohu puant et pétaradant de la ville !...
Elle qui n’avait connu jusqu’alors, que le calme feutré du nid douillet de sa maîtresse, avec son cercle familial et amical restreint, les 3 Cockers de l’élevage où elle était née, et le Pinsher nain de la voisine de palier !!
Isabelle ne comprenait pas que Pirouette ne puisse pas surmonter ses peurs et ne soit pas plus sociable.
Se rendant compte qu’elle avait un peu trop tardé à faire faire mille rencontres à sa Pirouette, Isabelle faisait maintenant du « forcing »
Dans les boutiques, en prenant sa petite chienne dans ses bras, elle insistait pour qu’on la caresse. Pirouette voyait ainsi pleuvoir sur elle (et sans possibilité d'esquiver) les exclamations et caresses d'humains inconnus tous plus démonstratifs les uns que les autres!
Isabelle prenait aussi Pirouette dans ses bras pour la soustraire rapidement aux assauts un peu vifs de grands chiens qui l’effrayaient autant (sinon plus) que Pirouette elle-même (lui signalant ainsi que cela devait être bien inquiétant!!)
Elle accumulait les maladresses qui ont amené progressivement le petit animal à aboyer puis gronder et enfin mordre pour faire reculer tout ce monde (humain et canin) trop curieux, envahissant et effrayant. Plus Isabelle cherchait maladroitement à rassurer Pirouette, plus celle-ci était incapable de faire face sereinement à tout son environnement.
Tout était terrifiant pour la petite chienne, qui n’avait pas été habituée à ce qui fait l’ordinaire d’un chien familier, au bon moment, c'est-à-dire entre sa 7è et sa 14è semaine.
Pirouette était ainsi devenue le type même du « petit chien hargneux », par maladresse et méconnaissance de ce qu’engendre le fait de ne pas poursuivre et renforcer activement la socialisation d’un chiot, et cela, dès son acquisition. Sans précipitation mais avec méthode et application, toutes découvertes et nouvelles rencontres devant être proposées au chiot le plus tôt possible, et être toujours agréables et positives pour lui.
Tempo le Jack Russel n’avait même pas connu le bonheur de rester avec sa mère et sa fratrie pendant 8 semaines (ce qui est le strict minimum pour garantir le bon équilibre d’un chiot). Mal socialisé à sa propre espèce, il redoutait surtout ses congénères. Résultat : il cherchait à les fuir, mais lorsqu'il était maintenu en laisse sur les trottoirs, terrifié, il les agressait bruyamment lors de toute approche.
Vix le Teckel, lui, n’avait connu que des chiens dans son chenil isolé où seul l’éleveur distribuait la nourriture sans véritables interactions. Croiser tout être humain petit ou grand en promenade le mettait maintenant dans le plus grand désarroi, et ses menaces (aboiement et grondements) étaient destinés à freiner leurs approches.
Les difficultés pour Utrillo le Colley, n’étaient pas exactement les mêmes que pour Pirouette, Tempo ou Vix. Ses maîtres avaient perdu leur précédent chien, mort au cours d’une bagarre qui avait mal tourné avec plusieurs chiens rencontrés en promenade. Ils étaient maintenant si crispés dans leurs balades, guettant anxieusement toute approche du moindre canidé, qu’ils communiquaient malgré eux, leur appréhension à Utrillo. Averti dès la moindre tension de sa laisse que quelque chose de suspect se profilait, le jeune animal réagissait de plus en plus inquiet face aux approches des chiens et de leurs propriétaires en général. Au fil des sorties, par peur à son tour, il est devenu menaçant lui aussi.
Comme tous ses congénères, un chien dit « hargneux » se trouve façonné par sa lignée, son vécu prénatal, sa naissance, son développement précoce durant le temps passé avec sa mère et sa fratrie, ses expériences dans son environnement d’adoption.
Dès son plus jeune âge, de multiples facteurs ne favorisent pas l’équilibre psychique et comportemental d’un chien, et peuvent l’amener à des peurs et des conduites agressives en extérieur. Ces principaux facteurs sont
Le manque de stimulations sensorielles et d’imprégnation du chiot (avec l’isolement en chenil) (comme Vix)
Le retrait prématuré de sa portée (comme Tempo)
Les possibles expériences traumatisantes de sa 7è semaine à sa 14è semaine (et même un peu plus tard pour certaines races molossoïdes)
Les craintes de ses maîtres pour sa vie (comme Utrillo)
Leur méconnaissance des périodes critiques du jeune âge et des causes de peurs du chien en général (comme Pirouette).
L’aide d’un spécialiste du comportement peut alors être nécessaire pour ne pas se retrouver avec un compagnon à 4 pattes à « l’humeur de chien », même et surtout préventivement.
Danièle Mirat
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