environnement 2010-2025 : Comment l’agriculture a sauvé la terre
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environnement 2010-2025 : Comment l’agriculture a sauvé la terre
« Mission accomplie ». C’est avec un large sourire que le chef de la république française monte à la tribune. Réélu par les 32 Président de l’Union européenne pour la seconde fois, cette fringante sexagénaire vient s’exprimer devant l’Assemblée des Nations-Unies. Elle vient annoncer au monde que l’Europe est en passe de tenir ses objectifs de réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre. Objectifs fixés lors de la conférence de Copenhague de décembre 2009 et renforcés lors du sommet de la Terre de Rio en 2015.
Si l’Union a pu se sevrer de CO², c’est non seulement grâce à d’ambitieux programmes d’investissements dans les énergies renouvelables et les véhicules propres, mais aussi parce que les agriculteurs ont su se mettre au régime sec.
Finis les pesticides et les engrais, les producteurs européens ont migré vers ce qu’on appelait au début du siècle le «modèle raisonné». La réforme complète de la PAC, initiée en 2012, a complètement changé la philosophie du système de production agricole. L’équation production=subvention a été battue en brèches et remplacée par un système de bonus-malus très incitatif pour construire une agriculture «Haute Performance Environnementale», garantie par l’Agence agricole européenne (AAE) qui supervise les brevets et appellations de qualité au niveau des 32.
Les agriculteurs se sont vu, de fait, contraints de renoncer aux méthodes industrielles. L’élevage en extérieur est redevenu la norme pour la viande et la volaille. Le kilo de bœuf nourri à l’herbe est devenu éco-compatible, nécessitant une consommation d’eau huit fois plus faible que l’élevage intensif. Les campagnes européennes sont réinvesties par les troupeaux, et les hectares de pâturage ainsi entretenues comblent désormais une grande partie des émissions de méthane et de Co² propres à l’élevage.
L’agriculture céréalière et le maraîchage ont aussi suivi cette voie, proche des préceptes biologiques. Ils y ont été poussés par les consommateurs, de plus en plus soucieux de la qualité de la nourriture. Les jeunes se convertissent en nombre à la consommation «locavor», respectueuse du rythme des saisons et axée sur la redécouverte de légumes oubliés et de produits locaux de qualité.
Les producteurs de fruits et légumes, marqués par les nouvelles contraintes et les pressions abusives des grandes surfaces, ont multiplié les points de rencontre locaux et la vente directe, notamment dans les villes. Les Amap (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) et les coopératives ont prospéré. Pour faire face à la montée des températures, à la modification du cycle des pluies et des sécheresses, l’accent a été mis sur des solutions simples et concrètes telles que la rotation des cultures, l’utilisation de résidus pour le compostage ou le paillage, le réensemencement ou encore l’amélioration de la gestion des pâturages. Le coût des produits exotiques a également beaucoup augmenté, en dissuadant l’achat. L’Union a en effet bloqué le volet agricole des négociations à l’OMC, et imposé d’importantes taxations sur ces produits. Le statu quo de rigueur, Nicolas Sarkozy entend toujours sortir l’agriculture des champs de compétence de l’OMC.
L’effort a en revanche été beaucoup plus difficile à supporter pour les céréaliers des grandes plaines. Mais c’est une innovation technologique qui leur a sauvé la mise. Converti à l’écoresponsabilité, des géants de l’agroalimentaire ont investi massivement dans de nouvelles générations d’OGM, mis au point en partenariats avec l’Institut européen de recherche agricole (IERA). Des nouveaux grains de blé et de maïs extrêmement résistants ont ensemencé la Beauce et la Brie, rendant inutiles l’emploi de pesticides et d’engrais chimiques, tout en répondant aux critères de sécurité sanitaire. En 2020, lorsque l’Ukraine a rejoint l’Union européenne, d’importants investissements ont été réalisés pour convertir son agriculture à la soviétique en un système modèle productif mais non productiviste. Les rendements ont fortement augmenté et permis une exportation de grain vers l’Afrique à des tarifs très bas fixés lors de la conférence sur le climat de Nairobi, en 2018.
L'effort s’est aussi propagé au reste du monde. Le nouveau modèle agricole, économe en CO², permet une importante absorption des gaz à effet de serre (GES). Plus du quart des GES est ainsi absorbé par les sols, devenus de véritables puits de carbone.
La production agricole a pu être augmentée d’un tiers afin de nourrir le milliard et demi d’habitants qui nous a rejoint depuis la fin des années 2000. Les principales économies d’échelle ont été engagées dans les pays en développement, grâce aux fonds de soutien mis en place à la suite des différents sommets sur l’environnement. La Chine, l’Inde, le Brésil et l’Argentine ont accepté de partager des modèles plus économes. La Chine a ainsi augmenté de 25% sa consommation en viandes et en produits laitiers sans pour autant accroître ses émissions de GES. Le Brésil a engagé une véritable politique de reforestation, délaissant les agrocarburants et l’élevage extensif en échange du partage des coûts d’entretien et d’exploitation de la forêt amazonienne, poumon de l’humanité redevenu vert.
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