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Ils vieillissent: c'est à nous de nous adapter

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Message  Christine Jeu 22 Oct - 7:05

Texte publié dans le magazine "Santé Pratique Animaux" n°11 de Février 2004

Ils vieillissent: c'est à nous de nous adapter
(Texte co-rédigé avec Françoise Gaudron comportementaliste)

Le vieillissement est aujourd’hui l’objet de l’attention de tous les acteurs du bien être de l’animal familier, car comme ses maîtres celui-ci voit son espérance de vie augmentée.
Les progrès en médecine, chirurgie, diététique humaine et vétérinaire, les recherches en gérontologie et gériatrie plus particulièrement, ont en effet contribués à allonger notre vie comme celle de nos compagnons « à 4 pattes ».
Alors un jour on remarque la barbiche blanche de notre briard, les yeux opaques de notre caniche ou la léthargie accompagnée de gloutonnerie de notre chatte de gouttière…

Eh ! Oui, ils vieillissent !
Chiot ou chaton, dès leur arrivée à la maison, avec vigilance, patience et indulgence nous avons dû leur faire faire l’apprentissage de la vie avec nous.


Passé ce temps de l’enfance, le respect dû à un animal entièrement dépendant a maintenu notre attention, pour offrir à notre chien et/ou notre chat tout le soin dont ils avaient besoin
Mais arrivés à l’heure de la vieillesse, c’est peut-être là que nous leur devons le plus, alors comment leur faire vivre sereinement leur vie de seniors ?

Qu’est-ce que la vieillesse ?

Nullement une maladie mais un processus normal du monde des vivants, la vieillesse s’installe insidieusement dans le dernier quart de vie d’un organisme. On y voit un état d’affaiblissement des forces et des facultés, les effets du vieillissement gagnent petit à petit l'appareil digestif, urinaire, cardio-vasculaire et respiratoire, le système nerveux, locomoteur, reproducteur... jusqu’à ce que les fonctions ralenties de l’organisme s’arrêtent définitivement.

Vers quel âge parle t’on de vieillesse chez son animal ?
En fonction de leur taille, leur poids, leurs conditions de vie ainsi que de leur potentiel génétique personnel, nos chats et nos chiens ne sont pas égaux devant le vieillissement.
On observe qu’un grand chien entre dans le 3ème âge après ses 7 ans, son espérance moyenne de vie étant de 10 à 12 années. Les chiens de travail (gendarmerie, sauvetage, ring, pistage etc.) et les chiennes reproductrices sont d’ailleurs mis à la retraite à partir de cet âge.
Un chat ou un chien de petite race pouvant vivre beaucoup plus longtemps (15/18 ans), leur vieillesse ne débutera que vers les 10 ans.
Basées sur des critères variés, des grilles de comparaisons d’âges de l’être humain par rapport à ceux du chien sont même proposées. Ces estimations n’ont d’intérêt que pour retenir qu’un chien ou un chat âgé de 10 à 16 ans n’est pas un adolescent mais un vieillard ! et qu’il doit pour cela être traité avec des égards.
Certains facteurs influent sur la longévité de nos petits compagnons. Le code génétique bien sûr, mais spécialement tout le soin que l’on a pris d’eux dès leur jeune âge, pour leur assurer une bonne condition physique et psychique (l’une n’allant pas sans l’autre).


Être attentif à certains signes

Graduellement moins beau, moins actif, moins présent, l’animal âgé est plus fragile qu’un jeune adulte et doit donc faire l’objet d’observations et d’attentions toutes particulières.
Le regarder vivre et se déplacer, le palper, noter tout changement pour reconnaître ses déficiences progressives, aide à vite déceler l’apparition d’une maladie liée au vieillissement.
L’allongement du temps de repos et de sommeil, qui lui est normal, ne devra donc pas être une inquiétude.
Mais lentement l’animal peut venir à souffrir dans sa locomotion, s’essouffler, mal entendre ou mal voir … plusieurs de ces déficiences finissant par s’ajouter ! Résultat sa vitalité est diminuée et il peut être moins prompt à obéir.
Le cerveau, organe de traitement des informations et de commande est concerné par le vieillissement. Son inévitable dégénérescence entraîne et accompagne progressivement nombre de troubles organiques, mais aussi de l’humeur et du comportement souvent.

Les signes du 3e âge se voient donc sur le plan physique, psychologique et comportemental.

Physiquement:
Ses performances physiques diminuant progressivement, l’animal se fatigue plus vite, il peine à sauter ou monter les marches
des poils blancs apparaissent sur le museau, le corps, la fourrure devient plus terne ou dépilée par endroits
Des verrues ou kystes peuvent se former, qu’il faut faire examiner car les tumeurs sont légion chez les seniors (d’ailleurs nombreuses sont les femelles âgées qui développent des tumeurs mammaires)
L’animal s’alourdit parfois. La surcharge pondérale est toujours préjudiciable au cœur, aux reins… mais surtout si c’est un chien dysplasique qui alors boitera davantage.
La cataracte opacifie le cristallin, ce qui rend la vision de plus en plus trouble.
Les facultés auditives diminuent et le chien obéit plus mal aux ordres : d’où l’intérêt de lui avoir appris à réagir à la voix et aux gestes.
Le chien ou le chat âgé peut se mettre à tousser ou s’essouffler, voire tomber en syncope… peut-être des symptômes de maladies cardiaques, pour le vétérinaire.
Des insuffisances rénales (les reins filtrant moins bien) peuvent provoquer la mort de l’animal (c’est une des premières causes de mortalité chez le chat) : alerter son vétérinaire quand on voit l’animal boire davantage.
La perte d’appétit ou au contraire la boulimie, l’incontinence nocturne, des constipations en alternance avec des diarrhées sont autant de points de repères de l’affaiblissement des fonctions vitales de l’organisme de l’animal.
Psychologiquement et comportementalement

Graduellement la vie relationnelle de notre compagnon vieillissant s’appauvrit. Mais ce phénomène s’accompagne parfois de troubles de l’humeur et du comportement plus marqués, et certains de ces dysfonctionnements nécessitent de consulter le vétérinaire :
L’animal a moins d’intérêt pour tout ce qui le stimulait autrefois
Le chat joue moins ou plus du tout et reste isolé
Le chien accueille son maître avec moins d’enthousiasme et réagit comme « avec retard » ou comme « un peu décalé » quand on le sollicite, jusqu’à ne plus répondre aux ordres
Il gémit parfois dans des circonstances du quotidien (toujours un peu les mêmes) pour ce qui ne semble pas être des douleurs ; il devient moins patient (voire despotique pour celui qui n’était déjà pas très souple !)
Il peut avoir des réactions disproportionnées ou un peu inopportunes à des bruits plus ou moins familiers
Il peut se mettre à déambuler de jour et même de nuit, voire se « perdre » dans son environnement habituel (dans le jardin notamment)
Il peut rechigner à sortir hors de chez lui, et sembler avoir oublié ses apprentissages du jeune âge, ou même être « retombé en enfance » ingurgitant, comme un chiot, tout ce qu’il trouve

Devant quelques-unes de ces déficiences, que faire pour l’aider à mieux vivre son 3ème âge?

D’abord des visites régulières chez le vétérinaire, qui pourra retarder ou éviter l’apparition de maladies inhérentes à « l’âge mûr » sachant qu’aucun traitement ne pourra jamais rajeunir un vieil animal, mais souvent lui assurer une qualité de vie plus optimale.
On peut obtenir une activation des fonctions vitales ralenties par la vieillesse, une récupération fonctionnelle du tissu nerveux, un soulagement dans les affections inflammatoires des articulations ou des bronches, une amélioration de la fonction cardiaque, du tube digestif, du foie, des reins…le régime alimentaire peut être changé, adapté, supplémenté, la prise de nourriture fractionnée…
L’homéopathie, la phytothérapie, l’acupuncture, l’ostéopathie etc.…étant particulièrement efficaces pour aider et soulager certains maux de la vieillesse.(Les plantes à la rescousse: la phytothérapie au service de nos chiens et nos chats)
D’une manière générale il faut garder les habitudes du vieil animal. La routine du quotidien est rassurante et la rupture avec ses repères journaliers le désoriente et le stress facilement (une mise en pension par exemple peut être mal vécue, un déménagement, l’absence d’un membre de la famille…)
Veiller à lui ménager une place de repos plus moelleuse (hors courant d’air) et plus au calme, car tout en gardant le contact avec la vie de famille, l’animal a besoin de plus longues périodes de sommeil.
Sans le reléguer, il faut le protéger notamment de l’agitation des enfants. Leur turbulence est moins bien vécue par un chat ou un chien devenu moins tolérant, simplement parce qu’il souffre des maux divers de la vieillesse, d’où parfois des grognements et même des coups de crocs du chien ou de griffes du chat.
L’un ou l’autre animal souffrant des reins, d’arthrose ou de dysplasie par exemple, redoutera aussi les caresses qui deviennent douloureuses, d’où là encore de légitimes réactions agressives pouvant augmenter.
Aux adultes de faire comprendre aux enfants de la famille, à leurs petits camarades et à ceux qui croisent le chien au cours des balades, que l’animal âgé est moins patient, qu’il veut moins jouer et recherche moins les caresses.
Parce que sa vitalité et sa mobilité ont diminué, les enfants devront apprendre à l’aborder et jouer avec lui sans brutalité, à faire des caresses moins appuyées et moins prolongées pour son dos ou ses pattes arthrosiques.
Pourquoi tant d’enfants ont-ils été mordus par leur vieux chien pourtant « gentil » jusque là ? parce que l’animal qui a souffert de leurs rudesses répétées, a eu un jour la réaction naturelle de défense chez les canidés : la morsure.
L’animal avait probablement grogné ou montré les crocs auparavant, il avait déjà « prévenu » en quelque sorte, mais les très jeunes enfants en particulier, ne repèrent pas cette menace du chien destinée à faire cesser leur comportement. L’animal fini par mordre parce qu’il n’a pas vu aboutir ses avertissements et qu’il continue d’être victime de brutalités.
Progressivement adapter le rythme, la durée et les lieux de promenade du vieux chien (plus courtes, plus lentement et sur des parcours plus plats)
Les balades doivent être ajustées à sa mobilité réduite, son insuffisance cardiaque et/ou respiratoire, sa surdité et/ou sa plus mauvaise vision, en les réduisant un peu plus lors de conditions climatiques extrêmes (fortes chaleurs ou froids intenses). Les manteaux et imperméables du commerce protègeront les plus fragiles.
Penser notamment à l’aider à monter ou descendre de voiture, prendre garde à ne pas le laisser trop s’éloigner (certains, soudainement inquiets en ne voyant plus leur maître, se mettent en danger en courant en tous sens). La surdité du vieil animal peut être compensée, en essayant de rester dans son champ de vision et développant une gestuelle exagérée et incitative pour le rappel entre autre (attention en pénombre l’hiver, il y voit moins bien !)
Par temps doux, un brossage précautionneux adapté une fois encore aux raideurs, douleurs, ou imperfections de la peau, reste bénéfique. Il permet la surveillance de grosseurs, de présence de parasites nuisibles, etc… tout en maintenant le contact corporel et la tendre complicité avec un animal, que ses facultés sensorielles diminuées isolent un peu (et toujours pour les raideurs douloureuses, attention à l’essuyage des pattes sales au retour des sorties) (Les plantes à la rescousse: la phytothérapie au service de nos chiens et nos chats)
Ce maintien d’une activité modérée est nécessaire au bon équilibre d’un vieux chien, et pas de « retraite brutale » à celui qui chassait ou faisait du jogging avec son maître sous prétexte qu’il n’est plus performant ! (il pourrait en déprimer)
Veiller plus souvent au niveau d’eau de la gamelle d’un animal dont la soif est augmentée (sans chercher à réduire sa consommation, sous prétexte de mictions plus fréquentes)
Un nouveau compagnon lui serait-il profitable ?

Il vaut mieux s’abstenir d’amener « dans les pattes » d’un chien ou d’un chat senior, un chiot turbulent par nature, qui risque de le bousculer et l’épuiser avec sa vitalité débordante et ses mordillements.
Mais si l’on introduit un jeune animal dans le groupe familial quand le senior est encore bien actif, alors c’est bénéfique pour les deux. Le jeunot va faire maints apprentissages par imitation avec son « vieux prof » (il vaut mieux à ce sujet avoir plutôt un « ancien » bien aux ordres, car ses mauvaises habitudes vont aussi « déteindre » sur le plus jeune !)
Stimulé, le senior peut retrouver une seconde jeunesse, mais il faut veiller aussi bien à respecter l’ascendant qu’il maintient sur le jeune, qu’à parfois le modérer si ne se sentant pas vieillir, il en faisait un peu trop !

Et si enfin plus tard avec tous vos soins, votre chien ne passe plus son temps qu’à dormir et semble devenir comme plus « mécanique », à n’être plus intéressé que par sa gamelle et l’heure des sorties (pour d’ailleurs vouloir rentrer très vite dès ses besoins faits !) il faudra devenir encore plus indulgent pour l’accompagner jusqu’à sa fin.

Maintenir son vieil animal en vie dans le confort jusqu’à sa mort, ne devant évidemment jamais vouloir dire que l’on va s’obstiner de manière déraisonnable pour le garder, et finir par le faire souffrir inutilement et uniquement pour notre propre confort.

Danièle Mirat et Françoise Gaudron comportementalistes
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